Spécialiste suisse de l’animation en stop-motion, Claude Barras roule sa bosse depuis plus de vingt ans, dont dix passés sur Ma vie de Courgette, son premier long métrage. Une grande maturation qui n’a pas été vaine, puisque le film a remporté le Cristal du long métrage (récompense suprême) et le Prix du public au Festival d’Annecy. Boom. Mais de quoi cela parle-t-il donc ?


Après avoir accidentellement tué sa mère alcoolique, le petit Courgette, 9 ans, déménage dans un foyer. Il y rencontre d’autres enfants dont les parents ne sont plus là. Chacun gère sa souffrance à sa manière – agressivité, boulimie, TOC, pipi au lit… –, ce qui n’interdit pas de profiter des bons moments à la cantine, dans la cour ou en classe de neige. Évidemment, notre héros en profite pour tomber amoureux.


L’immense qualité de Ma vie de Courgette est de proposer une histoire dure* à hauteur d’enfant, d’adopter leur ton, leur spontanéité (les jeunes comédiens ne sont pas des professionnels) et leur perception du monde des adultes. Ces derniers sont ne sont pas en reste, notamment le personnage du policier, très touchant, qui apporte un contrepoint intéressant. La scénariste Céline Sciamma, réalisatrice de l’excellent Tomboy (2011), est sans doute celle qu’il faut féliciter.


D’après la présentation faite au Forum des images, il s’agirait du premier long métrage français (OK, franco-suisse) en stop-motion depuis Le Roman de Renard de 1937. L’exploit est de taille et le résultat bluffant. Si certains décors s’avèrent rudimentaires, les marionnettes sont toutes magnifiques et animées avec grand soin, chaque seconde de film étant composée d’une douzaine de photographies, soit environ 50 000 au total.


Drôle, émouvant et toujours juste, Ma vie de Courgette touche au cœur. Un classique instantané !


*Rassurez-vous, on est loin de la cruauté des courts métrages Banquise (2005) et Au pays des têtes (2009), très bons mais déconseillés aux plus jeunes.

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le 5 juil. 2016

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Arthur Bayon

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