Ann, 23 ans, mère de famille et épouse comblée, se voit diagnostiquer un cancer en phase terminale, et lui reste tout au plus deux mois à vivre. Elle décide de croquer ces quelques semaines de vie à pleine dents au travers d’une ‘liste’, et de dissimuler sa maladie à sa famille et son entourage.

Écrit et réalisé par Isabel Coixet (tiré d’une nouvelle de Nanci Kincaid, Pretending The Bed Is A Raft), son premier long métrage en langue anglaise, Ma Vie Sans Moi propose une approche singulière et nuancée d’un sujet mélodramatique, un de ces thèmes dont le cinéma raffole pour appâter les esprits facilement malléables !
Rappelez-vous un certain Sweet November et ce choix délibéré de mise en scène emphatique, du pathos pur jus !

Isabel Coixet nous invite à partager le quotidien d’une famille de la classe moyenne, et brosse un tableau familial en discorde (relation mère-fille laborieuse), en évitant soigneusement les clichés (aucune scène pour montrer la fin de vie d’Ann).
Isabel Coixet nous raconte une histoire, exhorte des sentiments tapis au fond de chacun de nous, promène sa caméra sur les regards des uns et des autres, sur leurs rires et leurs chagrins, sur leurs espoirs et leurs angoisses.

Le rôle principal (Ann) est confié aux bons soins d’une comédienne canadienne, Sarah Polley, et quelle actrice mes aïeux ! Découverte dans Exotica, elle s’est révélée dans De Beaux Lendemains et devient l’égérie d’Atom Egoyan. Sa prouesse est ici tout simplement hors du commun, intemporelle, inclassable, tridimensionnelle. Soulignons d’ailleurs une iniquité caractérisée, puisque sa performance ne fut même pas nommée pour les Oscars, mais qu’importe, elle ne se définit pas comme une machine à rôles.
Son expérience personnelle (sa mère est décédée d’un cancer lorsqu’elle avait 11 ans) n’est certainement pas étrangère à son interprétation. Emouvante, sincère, cocasse et spontanée, Sarah Polley porte l’intrigue au firmament du 7eme Art, accompagnée en cela par d’autres acteurs brillants, dont Mark Ruffalo, Amanda Plummer (un de ces personnages dont elle raffole !), et Debbie Harry, très convaincante dans son rôle de mère délurée. La scène lorsque Ann apprend sa maladie demeurera comme l’instant prodigieux du film, un instantané qui décrit cette douloureuse et indicible confrontation entre la notion de vie et la notion mort : le ton, la photographie, l’ambiance, sont sublimes !

In fine, Isabel Coixet esquive subtilement les poncifs du genre. Elle laisse le choix au spectateur de prolonger l’histoire à sa façon, l’invite à développer son propre ressenti face au destin des personnages qui continueront leur chemin, et transpose admirablement cette découverte de l’amour de soi et de la vie quand approche l’échéance de la mort.
Cette ‘Vie sans Moi’ est une panacée écrite avec méticulosité, interprétée avec justesse et talent, filmée avec soin.

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Auteur : Vincent
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Créée

le 6 mai 2010

Modifiée

le 21 mars 2013

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