Ne mène nulle part

Suffit-il d'un scénario épuré à la Antonioni, d'acteurs non professionnels comme chez Bresson, de dialogues absurdes rappelant vaguement Beckett pour avoir un grand film? Pour nous, non.

Comparé Macadam à deux voies avec ces grands noms de la mise en scène nous semble bien faux, trop flatteur, une supercherie pour justifier un film qui, s'il avait des prétentions philosophiques, sociales ou politiques, n'arrive jamais à les traduire. En effet, en extraire un message si élevé alors qu'en fait il peine à dire, à provoquer du sens, par maladresse certainement mais aussi par paresse intellectuelle, est une erreur, une volonté notre et extérieure à celle du réalisateur, un regard occidental posé sur l'objet étranger, un ethnocentrisme.

Dialogues bien trop pauvres, faméliques, aux faux airs de théâtre absurde; scénario inexistant ou presque; acteurs jouant comme des amateurs, mal dirigés (seul Oates est convainquant); photographie dénuée de recherche esthétique, de même que la caméra, qui n'entreprend aucun plan digne d’être nommé; enfin, et surtout, comme il a déjà été dit, message pas clair, si toutefois il y en a un. Et que dire de ce regard un brin condescendant sur ses personnages vides, spectres hantant des plaines vides traversées par des êtres étranges?

Bref, une erreur de jugement d'après nous.