Je vous épargne la description de ce film que tout le monde connaît, souvent même sans l'avoir vu. Un routard solitaire, un monde dévasté, tyrannisé par des pillards motorisés où un jerrican de pétrole a plus de valeur qu'une vie humaine... Bref.
Dans l'histoire de la critique ciné, l'adjectif "séminal" a très souvent été utilisé à tort et à travers. Pourtant je n'hésiterai pas à l'employer pour Mad Max 2 sous vos yeux ébahis.
Mad Max 2 est un film séminal -voilà, c'est fait, z'avez vu.
Séminal dans le sens où il a fait germer tout un pan de sous culture, comme a pu le faire Alien à la même époque.
Certains films ne resteront pas dans l'histoire pour leur mise en scène ou leur distribution, mais vraiment pour ce qu'ils ont apporté au monde. Oui, ça fait "concon" de dire ça, mais sans Mad Max 2, pas de Fallout, pas de Ken le survivant, pas de Car Wars ni de Bitume... bref : pas de monde post apocalyptique à se mettre sous la dent.
Alors que sans Snatch, ben... Ben rien en fait. Le monde serait pareil sans Snatch. Pourtant c'est un très bon film quémême hein !
Alors oui, le film souffre de quelques défauts, mais qui curieusement, après examen sont aussi ses qualités. Prenons pour exemple la pauvreté des dialogues, le déroulement très lent de l'histoire, les relation ténues entre les personnages... Tout ceci est en fait très bien pensé.
Des dialogues, ok, mais pour se dire quoi ? La vie culturelle, sociale est quasi nulle dans cet univers : qui éprouverait le besoin de jacasser ?
L'histoire ? Il ne se passe rien dans ce monde anéanti. Les être humains formant des bandes à l'organisation primitive, n'ont rien à gagner à s'aventurer dans ce désert de poussière. A mieux réfléchir, toute "sous-intrigue" ne serait qu'artifice.
Enfin, j'ai lu dans les critiques un mec qui se moque un peu du "drama" genre "Han mais Max il perd son chien et sa caisse, trop dur le drame".
Alors non seulement dans cet univers ça représente absolument tout -famille, baraque, moyen de locomotion, mais en plus c'est traité tellement sans aucun pathos que la remarque de ce contributeur m'effraie presque. Mince, la caméra ne s'attardera même pas sur le cadavre, Max regarde son chien une demi seconde avant de détourner les yeux, point barre. De même, lorsque la guerrière meurt sur le semi remorque, c'est à peine si le mécano infirme baisse le regard. Lorsqu'il tente de la remonter, est ce parce qu'elle est peut être vivante ? Parce qu'elle a de précieuses armes sur elle ? On ne le saura pas.
Arrêtez vous une minute et comparez ça avec les violons et les cris du héros de Seul au monde qui perd son ballon de Volleyball en barbotant, quoi !! Vous aurez une idée de ce que pudeur veut dire.
Loin d'être les défauts qu'on voit au premier abord, ces manques sont en fait des forces qui donnent vie à cet univers de façon bien plus pertinente qu'une tonne de blabla explicatifs et de scènes factices.
Quand je vois les films des années 2000 où on prend bien le temps de tout expliquer au spectateur jusque dans les petits détails des fois qu'il n'aurait pas compris un truc (et plus précisément, pas compris que le metteur en scène est décidément très malin). Et que dire des scènes de pathos appuyées pour bien nous manipuler à verser des larmes ou rire avec les personnages... Hey, on n'est pas des moutons, on est un peu libre de ressentir ce qu'on veut lorsqu'on voit un film... Donc stop les violons quand ça va pas, la bande son jazzy quand y'a des scènes de calins, le hard rock cliché quand y'a de la baston...
En fait, en re visionnant Mad max 2, j'ai vu à quel point l'industrie du clip MTV a fait du mal au cinéma. Un mal irréparable je crois...
Mad Max 2, plus qu'un film de brutes, est un film brut. Son raffinement ne tient que dans quelques scènes. Son intrigue est simple, mais efficace. En plus, comme on ne prend pas le spectateur pour un teubé, non seulement on ne lui impose pas d'artifices dans la narration, mais en plus le twist final peut être perçu avant qu'il ne se produise -et il découle logiquement de ce qu'on a vu avant, c'est pas un machin lancé pour dire "haha, je suis plus intelligent que vous, et c'est pour ça que je suis le super metteur en scène !"
(Mais évidemment seul un second visionnage donne les clefs du puzzle)
Le constat final c'est qu'il y a plus de génie dans trente minutes de Mad Max 2 que dans les deux heures trente d'Inception. Mais vraiment. Et que les films c'était un peu mieux quand c'était pas pourri par ces andouilles de clippeurs ...