Ni allons pas par quatre chemins; ce troisième volet n'est pas un bon film. Mad Max : Beyond Thunderdome ne raconte rien, non parce qu'il n'a rien à dire, mais parce qu'il ne veut rien dire. Qui blâmer pour avoir à ce point dépouillé le travail considérable effectué sur les deux premiers volets? Probablement un américanisme primaire venu injecter à ces monuments post-apocalyptiques 80's une dose subite de venin nommé Dollars. Aux concessions budgétaires s'adjoignent des concessions scénaristiques évidentes, – comprenez formatage – dénaturant au plus point l'univers si atypique de la série. Peu importent la souffrance et de désarroi de Max, la cohérence avec les précédents films. Ici, le bigger & louder est roi, exacerbant jusqu'à l'excès chaque parcelle du champ créatif de Miller.

Sur ces enjeux inexistants, ce scénario atterrant, vient trôner au sommet de sa hutte – assise du pouvoir – Tina Turner. L'ironie de ce personnage qui « n'était rien dans l'ancien monde » est d'être en possession d'un pouvoir illusoire. S'érigeant en reine de Bartertown, cité dont l'énergie provient des porcs – plus précisément de leurs déjections – et dont la population est, elle aussi, assimilée à un combustible permettant une quelconque expansion, elle en vient à oublier qu'elle est le centre névralgique d'un tas de matière fécale – ni plus, ni moins – qu'elle a elle-même fondée.

C'est dans ce contexte que l'on retrouve Max, au volant d'une charrette tractée par six chameaux. Le processus de mythification développé précédemment par Miller vole en éclat au profit d'un Max bédouin, se confrontant de nouveau à une forme de civilisation. Quand bien même l'on puisse discerner l'intérêt du cinéaste pour la temporalité, – thème récurrent sur les deux précédents films – celui-ci ne demeure qu'esquissé. L'évolution intrinsèque de l'univers n'avait fondamentalement rien d'illogique : The Road Warrior constituant lui même un vibrant hommage aux codes du western, pourquoi ne pas étendre la sphère westernienne à l'ensemble de cet environnement ?Le processus de régression opéré pousse la société à renouer, à l'horizon des années deux mille, à une organisation sociale portant la marque des villes de l'ouest américain durant tout le XIXe siècle. Max aborde ainsi tous les éléments propre au Far West :la population urbaine et indienne, le chemin de fer – de l'après 1840 – ou encore les duels. Maladroitement mis bout à bout, ces empreints au Western ne parviennent à dynamiser une construction narrative littéralement incohérente. En témoigne le retour futile de Bruce Spence, les tensions politiques pour le contrôle de Bartertown ou le messianisme universaliste entrant en ligne de compte lors de l'entrée en scène des indigènes. Autrement dit, tout un programme.

Mais à quoi bon; Beyond Thunderdome traine tel un bagnard un boulet d'un poids considérable : l'inconsistance de ses protagonistes, les impressions de déjà vu, les situations videS de tout intérêt. À n'en plus douter, le film cherche à draguer le public le plus large, mais le résultat à pour effet de nous laisser dans un état similaire à Max lorsqu'il entre en contact avec la population indigène :désappointé, puis consterné par cette régression généralisée.
Crockett
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le 4 août 2011

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