Max a pris trente piges de solitude introspective pour fomenter son come-back en fanfare et en annonces grandiloquentes. Il a travaillé son retour à l'excès, soigné son image et s'est offert Tom Hardy.
Il a surtout réappris à se taire, à parler peu et même pas bien comme la sale teigne introvertie qu'il n'aurait jamais dû cesser d'être, laissant le soin à son loquace entourage de blablater l'apocalypse et l'inespoir, les vils penchants humains et autres obsessions de son créateur.


Max porte un lourd passé et le poids d'attentes qu'il semble inconcevable de décevoir, prisonnier créatif d'un carcan séculaire, ombre des aînés, passion à double tranchant d'un public impitoyable. Il ne faillira pas, ne déviera d'un iota d'une ligne de conduite énoncée de longue date. Bien malin, sans rien réinventer, il offre les moyens du jour à son monde dévasté. Cette terre morte s'en voit vivifiée, elle gagne en mystère et en profondeur ce qu'elle perd parfois en cachet.


Un peuple s'anime, vivote de rage en surface et dans les airs, éternelle bataille absurde, vaine cavalcade mécanique assumée dont la vacuité s'avère la plus grande force.


Et les moteurs s'ébrouent.


Pour ne plus jamais s'apaiser.
Car Max a poussé ses premiers vagissements cinématographiques à l'heure bénite des grands road-movies et n'a jamais oublié les Duel et autres Vanishing Point, métaphores cyniques, faciles et jouissives, asphalte brûlant d'une vie rêvée, tranches d'existences aussi éphémères et condamnées qu'exaltantes. Max sait que s'arrêter c'est périr. Max ne s'arrête jamais, accélère jusqu'au tournis, à la surchauffe, traînant avec lui sa bien étrange troupe qui jamais ne figure et se taille une belle part de ce sanglant gâteau, jouant à fond le jeu morbide et ses règles assassines.


Max est revenu tel qu'il fallait revenir. Sans fard, avec son temps sans renier celui d'avant. Il a de nouveau taillé un monde à sa mesure. Un monde unique aux limites incertaines et aux questions sans réponse où les V8 boivent goulûment quand les hommes s'étripent pour une goutte d'eau, où les femmes sont mères et soldats, où l'on muselle l'ennemi qui nourrit.
Où rien n'a de sens.
Où la rédemption passe par la folie.

-IgoR-
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le 14 mai 2015

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-IgoR-

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