L'histoire d'un aller et retour, ça aurait eu moins de classe comme titre, et on aurait pu croire à une histoire de stupide hobbit joufflu, Miller a bien fait de ne pas prendre ce titre. Et puis bon, il faut dire ce qu'il est, si le film manque de Mad Max (mais ça n'est pas un défaut, j'y reviendrai), en terme de Fury on est servi. En terme de road, ça manque un peu d'asphalte, mais ça ne dérange visiblement personne.


Bon, ce film, il vaut quoi ?
C'est à la fois un blockbuster de très grand spectacle qui parvient à rester lisible tout du long, à nous faire rire jusque dans le feu de l'action, avec des scènes incroyablement denses, des trouvailles qui tutoient le génial (le guitare lance-flammes, ça a l'air de rien, ça ne sert à rien, mais ça contribue à une ambiance franchement metal \m/ ). C'est aussi des paysages magnifiques, des plans bien foutus sur cette horde improbable de créatures chromées, un régal pour les yeux !
Mais, surtout, c'est un film qui raconte quelque chose... Pas mal de choses, en fait, Miller a poussé son talent jusqu'à offrir plusieurs interprétations différentes de son oeuvre.
Selon les convictions du spectateurs, il pourra y voir un brûlot anti-américain (un salopard militariste qui promet McFestin et AquaCola ? Check), anti-musulman (désert, pétroles, fanatiques suicidaires ? Check) anti-extrêmiste occidentaux (Walhalla, culte de la perfection, eugénisme, corps blanchis ? Check). Chacun y trouve donc ce qu'il est venu chercher - et moi j'y retrouve un discours anti-connards fanatiques fascisants, et ça ne peut que me plaire !
Max, donc, puisqu'il faut y revenir.
Je ne sais pas s'il y a une véritable continuité dans le personnage de Max entre les trois premiers volets et celui-ci, mais rien ne m'a choqué, Max est un loup solitaire indomptable, qui finit par accepter progressivement de donner sa confiance, le même personnage que dans le deuxième opus. La différence, c'est Furiosa, le personnage sur lequel il peut s'appuyer - pas son alter-ego, non, juste...
Juste l'un des personnages féminins sortis d'Hollywood les plus intéressants depuis... Sarah Connor dans Terminator 2 ?
Une nana forte sans être une caricature, femme sans être féminisée à outrance, combattante au même titre que Max, héroïne au côté du héros, jamais enfermée dans les stéréotypes ou les rôles traditionnels de la femme dans un film d'action - même la fonction de soin, attribut féminin par exemple est remplie par Max, soignant sa partenaire. Pas son amante, pas sa protégée, pas a suivante, non, simplement sa partenaire. Et Charlize Theron qui crève tout simplement l'écran. Impériale, sans aucun doute.
Quelques mots sur les épouses et les Vuvalini : si elles n'échappent pas toujours aux clichés (la vieille porteuse des graines, qui transmet la vie...), elles sont assez bien traitées. Elles n'ont pas certes toutes une personnalité identifiable, mais ne sont pas toutes traitées comme une bande de cruches. Elles permettent au film de passer le test de Bechdel, et ont voix au chapitre - c'est seulement leur intervention qui permet à Max de convaincre Furiosa et le groupe.
Il y aurait encore à dire sur Nux l'enfant-guerrier le lien qui se forme entre lui et Capable lorsqu'il est désemparé suite à sa déchéance aux yeux d'Immortan Joe et la réalisation qu'il n'est en fait que chair à canon à ses yeux. Elle le soutient et redonne un sens à sa vie (et pour le coup on retombe dans le rôle traditionnel féminin), et leur relation évolue, ambigüe, entre camaraderie claire et amour jamais explicité, jusqu'à son sacrifice duquel Capable est sa "témoin", un frère d'arme au même titre que ses anciens camarades.


Alors, certes, on pourra se plaindre que le film donne le beau rôle à Max, c'est lui qui en définitive guide le groupe ; quand Furiosa est prête à subir quelques mois de désert dans un espoir absurde, il veut agir et repartir à l'assaut - nulle inversion des tropes pour ce point décisif du film. Mais franchement, quand je vois des crétins décérébrés masculinistes se plaindre de la place de Furiosa au côté de Max, c'est bien la preuve que ce film marquera Hollywood et marque un pas dans la bonne direction.

Pierre_Marot
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le 2 août 2015

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