Comme Mad Max, on va attaquer cette critique de manière directe et frontale, sans fioriture.
S'il y a un film à voir en cette année 2015 au cinéma, c'est bien Mad Max Fury Road. C'est un spectacle à vivre en salle, une vraie leçon du cinéma d'action du père Miller, qui à 70 ans bien tassé envoie la pâté comme jamais et ridiculise toute une jeune génération de réalisateurs qui hérite de la majorité des blockbusters d'aujourd'hui. Ici, le film respire la cascade en dur, le désert aride, le sable chaud et le soleil de plomb. On n'est pas devant des écrans verts, ni des décors en carton-pâte, le monde post-apocalyptique est réel et palpable, on vit l'action, on la subit, on est scotché à nos sièges, on est au côté de Max Rockatansky au volant du War Rig à subir les assauts des War Boys.
L'histoire est simple mais à le mérite d'être sans fioriture : un convoi de carburant, qui part d'une citadelle régit par le tyran tout puissant Immortan Joe qui a développé un véritable culte autour de sa personnalité parmi ses sujets, et qui à la main mise sur toutes les ressources vitales de la région, doit aller ravitailler une de ses cités annexes. Le convoi, piloté par l'Imperator Furiosa (interprétée magnifiquement par Charlize Theron), est dévié volontairement en cours de route avec à son bord, une cargaison extrêmement précieuse aux yeux de Immortan Joe qui lance donc à ses trousses son armée de War Boys à bord d'engins fous et furieux. Max qui a été fait prisonnier par cette armée, et qui a été réduit en tant que fournisseur officiel de sang frais à un War Boy nommé Nux est embarqué malgré lui dans cette course poursuite folle à travers le désert. Et on est parti pour un ride de fou furieux de 2h entre Immortan Joe et son armée à la poursuite du War Rig de Furiosa, qui sera rejointe dans sa folle échappée par Max Rockatansky. Les enjeux sont claires et limpides, mais la richesse thématique est folle. La présentation de l'écosystème de la Citadelle introduit une véritable société décadente et dont chacun est réduit à sa fonction la plus primaire.
Les scènes d'action sont dantesques, le film fourmille d'idées géniales (comme le mec aveugle avec sa guitare qui crache du feu et les gros tambours montés sur les monsters trucks qui mettent littéralement en musique la poursuite), on enchaîne les morceaux de bravoure épique et furieux. Rien que de repenser à la scène ou Max et Furiosa scelle leur alliance lors d'un guet-apens dans un canyon et à la grosse poursuite qui s'ensuit et la musique qui l'accompagne , j'en ai encore des frissons! On peut regretter un peu que le personnage de Max soit un peu en retrait face au charisme irradiant de Furiosa, mais c'est pas plus mal, le guerrier de la route se révélant avec parcimonie mais impose toujours son charisme animal quand il le faut.
Fury Road est d'une intensité folle et d'une très grande richesse thématique. Il est d'autant plus doublé d'un message féministe fort avec le personnage de Furiosa qui entre avec manière dans le panthéon des héroïnes marquantes du cinéma. Il mérite amplement les critiques dithyrambiques qu'il a reçu dans la presse en général. Et il montre surtout à quel point il est difficile de faire un authentique film d'action, de SF avec une âme, et qu'une certaine forme de cinéma issu des années 80 et début des années 90 prenait le genre au sérieux.
S'il y a bien un film à voir sur grand écran cette année, c'est celui là et rien d'autre.