Furieuse, la première bande-annonce l’était déjà ! Elle promettait un film fou, décomplexé et déjanté... Mais déjà naissait la crainte d’en avoir trop vu dans cette courte séquence survoltée.


En fin de projection, pas de soupe à la grimace. George Miller a montré qu’il ne faisait pas d’esbroufe.
Pas de round d’observation, le film décolle directement, Miller passe tout de suite la seconde, pied au plancher. Le spectateur, médusé, prend une gifle et tend l’autre joue, le sphincter au bord de l’explosion. Le film est exactement ce que promet la bande-annonce : une course poursuite de 2 heures dans le désert avec des personnages aussi excentriques et délurés que l’on était en droit d’attendre. L’ambiance est folle. Le rythme l’est tout autant, bien qu’un petit passage à vide soit à signaler au deuxième tiers du métrage.


Une grande partie des cascades a été réalisée en milieu naturel et ça se voit ! Ça fait un bien fou de retrouver des décors et véhicules qui ne soient pas de la foutue image de synthèse. Là où ses compères contemporains utilisent l’image de synthèse pour matérialiser tout et n’importe quoi, jusqu’à la poignée de porte, le vieux George préfère travailler à l’ancienne et veut un rendu réaliste. Il n’y pas à dire, après des années de la soupe visuelle indigeste Marvel et Cie, une telle production et un tel choix artistique forcent le respect. Le rendu est excellent et rappelle les films des années 80-90 où on se cassait un peu la tête pour qu’une cascade passe bien à l’écran. Il ne suffisait pas de quelques ordinateurs pour tout faire péter...
Surtout, pour un pépère de soixante-dix ans, George Miller fait montre de bien plus d’audace que les petits jeunes censés faire bouger les lignes. Le produit fini ne plaira pas à tous, mais sa démarche est sincère et saine. Il ne se prend pour personne, il fait du Miller puissance mille et pousse son délire le plus loin possible.


Rajoutez à cela un univers particulier, glauque, malsain mais toujours drôle, fantasque et sans limites, et vous avez là un cocktail qui détonne et rend heureux.


Quelques petites réserves sur le son que j’ai trouvé beaucoup trop en retrait, notamment les moteurs que l’on entend peu comme s’ils étaient étouffés. J’ai trouvé cela curieux et dérangeant, mais je me dis que c’était peut-être un réglage dans la salle où je suis allé le voir vu que personne n’a l’air de s’en plaindre.


À noter une Charlize Theron en Furiosa qui crève littéralement l’écran et vole la vedette à un Max (Tom Hardy) non moins intéressant mais discret. Réussissant prodigieusement à rester belle malgré un bras en moins et la boule à zéro, elle devient surtout rapidement l’élément clé du film, celle sur qui tout repose. Max devient plus acteur de sa destinée qu’autre chose.


Si l’on met de côté le fait que deux suites soient d’ores et déjà au programme, on ne peut que se réjouir de retrouver ce genre de film au cinéma. Du vrai film d’action qui tâche et ne se refuse presque rien !


Deux petites réserves malgré tout : l’artifice de l’aller-retour qui plombe un peu la fin et la quasi-absence de sang qui fait un peu film grand public...


Verdict : À voir sans réserves, film d’action intelligent avec son message féministe qui n’était pas pour me déplaire !

Flibustier_Grivois
8

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le 2 juin 2015

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