Sinon ce Mad Max fait très très fort : alors que beaucoup n'y voient qu'un "divertissement" singulier et radical, j'y vois aussi une richesse thématique et une élégance avec laquelle ces thèmes sont traités : entre autre, la réappropriation par le peuple, la chaire à canon au nom de Dieu, la dégénération de la société et la sédition. Tout un programme... Peut-être parce que Miller, à l'image de la quête de Nature de ses héros, cherche lui aussi à se réappoprier l'essence (sic!) du cinéma : filmer le mouvement. Ainsi, il aborde ces thèmes très contemporains en un minimum de dialogues, ce qui ne l'empêche pas de les traîter avec élégance et audace. A ceux qui se plaignent de la redondance entre "l'aller" et "le retour" des protagonistes, c'est bien le fond de leur motivation qui donne tout l'intérêt à ces deux séquences. Lors de l'aller, les personnages fuient ce monde monstrueux mais se rendent compte qu'il ne vont que vers le vide et le néant... peut être parce que cette monstruosité est en eux et qu'ils font partie intégrante de cette dégénération générale. Ainsi, en se retournant, en affrontant frontalement les démons (et leurs propres démons), nos héros se réapproprie un monde qui n'existe pas ailleurs. En humanisant tout les protagonistes du convoi au fur et à mesure de cette folle odyssée (Max se resociabilise, le war boy prend conscience de son statut, un germe de sentiment éclot entre la furie rousse et le war boy), Miller donne tout son sens à cet aller et retour. Plutôt que de choisir la fuite d'une société monstrueuse menant nulle part, mieux vaut prendre ses responsabilités pour faire changer les choses. Un message aussi audacieux que séditieux ! Ca faisait longtemps que je n'avais pas ressenti un moment de cinéma pareil... peut-être depuis Matrix ou Fight Club.