Comme en témoigne le dernier plan, Madame de... est une œuvre sur la vanité terrestre, au point qu’une jeune femme accorde à ses boucles d’oreilles une valeur telle qu’elle est prête, pour les récupérer, à dégrader sa réputation et sa santé, ainsi que celles d’un époux et d’un amant.
Max Ophüls compose un personnage principal instable et plutôt détestable, tant sa cupidité le conduit à se jouer des hommes, à devenir le sommet d’un triangle amoureux voué à la souffrance et à la destruction. Nous ressentons là la lecture d’une nouvelle bien-connue de Maupassant, « La Parure » (1884), qui mobilisait également une fascination pour un objet cristallisant des fantasmes et des angoisses avant de révéler à tous son artificialité fondamentale. La névrose liée aux jeux de hasard émane des tares chères aux auteurs naturalistes. En outre, nous connaissons l’attachement du cinéaste au romancier et nouvelliste, puisqu’il a brillamment adapté trois de ses nouvelles (Le Plaisir, 1952).
Si le présent film donne parfois l’impression de se divertir du sort réservé à la comtesse Louise, regardée de haut pour mieux immortaliser sa lente mais certaine chute, il n’en demeure pas moins fort bien mis en scène et porté par d’excellents acteurs.