Il y a dans le jeu de ce couple - malgré une évidente virtuosité voire une certaine modernité - un clin d'œil permanent au spectateur, une sorte de connivence posée comme entendue, l'assurance du succès de ses effets qui pourrit toute forme de vibration cinématographique, cette vibration du doute et de l'existence. Nul doute, nous sommes à Broadway et on entend déjà quasiment les rires qu'on va rajouter à la télévision bientôt parce que, en fin de compte, cela ne serait pas faire trop d'honneur à ce savoir faire (un peu mécanique) que d'être l'ancêtre du feuilleton d'intérieur (sitcom) pour la télévision et puis cela ressemble plus à une thèse qu'à une comédie : comment rirait-on vraiment d'un couple qui n'a rien à se reprocher... et qui pour la galerie s'invente une sorte de drame familial ? Qui est obligé de s'inventer un prétendant de pacotille, un voisin aux répliques bien "senties et pathétiques"...
Autre recette : comment faire des hors-champs voyeurs ? Je n'y avais jamais songé avant ce film... mais là encore : hors-champ de théâtre, c'est-à-dire une coulisse devenue visible, clin d'œil au et rires du public, cacher ce que l'on ne saurait ne pas voir, tension zéro ou plutôt factice. On se sent presque sali d'être mis dans cette sale "histoire", ce "contrat" spectateur-acteur virtuose-comédie autopromotionnelle et on ne souhaite que la fin pour divorcer au plus vite de ces gens bien trop respectables pour être honnêtes...
Heureusement Judy Holliday met un peu d'innocence là-dedans et la première séquence du film dans les rues de New York, le métro et avec sa notice d'utilisation d'arme à feu a des airs de Billy Wilder. Parce qu'une fois les coups de feu partis, ce sera rideau sur le cinéma... qui laisse entrer le doute, les ambitions inavouables, les couples mal assortis, la tension qui n'est pas juste une histoire de recette d'écriture de répliques sur mesure pour le talent d'acteurs oscarisables...
Il y a plus de féminisme dans n'importe quel plan de femme d'un film d'Ophüls, par ex., ou d'un film noir américain de la même époque. Il y a plus de féminisme quand n'importe quel regard.

JM2LA
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le 11 déc. 2015

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