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Une jeune femme est engagée comme servante d'une riche japonaise, vivant recluse dans un immense manoir sous la coupe d'un oncle tyrannique. La nouvelle domestique est en réalité envoyée par un escroc se faisant passer pour un comte japonais, désirant la fortune de Mademoiselle.
Dès la première apparition de l’antagoniste tout n’est que mensonge et mise en scène. Il prépare son plan et, au fur et à mesure qu’il l’explique, pose le décor, installe un éclairage, fait tenir des décorations... Ici tout n’est que jeu, mensonge et nous nous apprêtons à voir cette pièce de théâtre montée de toute pièce pour voler une demoiselle riche encore inconnue. La Corée des années 30, le manoir d’une lumière enchanteresse, la photographie irréprochable rendent une reconstitution parfaite. L’immersion est réussit et nos yeux sont comblés par toute cette réalisation mais que voit on vraiment ?
Lui est un acteur, elle, est une voleuse, une ombre, et enfin il y a Mademoiselle, la conteuse d’histoire érotique et surtout la marionnettiste. Ce n’est pas elle le pantin, ce n’est pas elle qui est manipulée pour son argent et son corps, elle est celle qui tire les fils, tissent les liens et observent la démence de son entourage, oncle et servantes. Elle n’est pas folle, elle veut que les autres le devienne, ils sont fous d’elle, elle les enchante avec son spectacle. Le film est composé de 3 actes, 3 perceptions à découvrir pour une seule et unique vérité. Celle qui montre les deux femmes qui s’attirent, l’érotisme est la seule franchise que l’on a le droit d’observer, les scènes de séduction sont profondes, la musique s’arrête, laissant le silence, des plans fixes, permettant de voir la vérité nue : elles se désirent et feront tout pour l’emporter face aux hommes sadiques et avides.
La victoire des deux femmes, leur amour sous l’angle de l’égalité, la symétrie, montre l’évidence : l’acteur a perdu, il se sentait puissant, lui qui était éclairé par les projecteurs, applaudit par le public face à lui, mais il ne voyait pas ce qui se passait derrière le rideau, c’est l’ombre qui gagne et la marionnettiste qui joue depuis le début. Park Chan-Wook est le roi pour réaliser des films sur la passion, la vengeance et la haine, dans cette reconstitution il nous montre des véritables twists pas vus depuis des années et donnent une nouvelle leçon du cinéma.
Ce film est fantastique, de la photographie jusqu’aux rebondissements, l’oeuvre éveille nos yeux peu habitués à voir la vérité l’emporter et finir sur l’harmonie des deux femmes.