Mademoiselle Chambon par Maqroll
Stéphane Brizé nous donne une fois de plus un « film de chambre » par analogie avec la musique du même nom. Il est d’ailleurs significatif de constater que l’instrument par excellence de ce genre musical - le violon - peut être considéré comme le pivot central de l’œuvre, ce violon dont joue sensuellement l’institutrice (Sandrine Kiberlain, merveilleusement diaphane) amoureuse au premier regard (et réciproquement) du parent d’élève maçon (Vincent Lindon, très juste comme toujours). Ces deux-là vont se regarder pendant une heure et demie sans presque se parler, ils vont s’épier à travers des jeux de lumière subtilement étudiés et délicatement rendus par une caméra toujours bien placée. Malheureusement, leurs destinées vont évoluer inéluctablement vers une fin inévitable que l’on connaît d’avance. C’est toujours le même problème avec Stéphane Brizé qui, pour être indiscutablement un auteur, n’en manque pas moins de souffle et de laissez aller. À force de filmer le vide, on finit par le refléter, et c’est dommage tant le film - comme les précédents et notamment le subtil mais trop sage Je ne suis pas là pour être aimé - recèle des qualités intéressantes. Signalons pour finir sur une note positive que Jean-Marc Thibault, dans un rôle pourtant ectoplasmique, montre, une fois de plus et à quatre-vingt-six ans, qu’il est un remarquable comédien.