Un quasi huis clos vite énervant...

Mademoiselle Julie nous dépeint de manière avec cruauté et sans concessions la folie autodestructrice d'une jeune femme de la haute société. Se superpose à cette problématique déjà coton un rapport de force pervers avec un domestique arriviste et immoral. En ressortent bon nombre de situations de malaise voire de répulsion. Le personnage de John est glaçant tant il est retors et celui de Julie, au premier abord insupportable, finit par attirer une sincère pitié. Cette inversion brutale des rapports de force illustre très bien la descente aux enfers d'une jeune femme de bonne famille fragile et vascillante qui confie son destin à la mauvaise personne... En cela, Mademoiselle Julie est un très bon film, car il filme de manière vraie les conséquences d'une manipulation sur une personne déjà à terre.
Pour ce qui est de la trame, les changements brusques d'avis et de sentiments du duo tragique tapent vite sur le système... On a tout de même à faire à une jolie brochette de caractères complexes et fascinants à observer : la bonne pieuse mais pleine d'une rancoeur discrète à l'égard des riches, la baronne dégénérée idéalisant la vie simple de ses domestiques, l'homme orgueilleux et prêt à tout pour échapper à sa condition. Tout est cohérent, les motivations des protagonistes sont claires.
Hélas, énorme bémol pour moi au niveau du style. L'ennui m'a très très vite gagnée, à vrai dire. Le rythme est incroyablement lent, les décors fades et oppressants, les dialogues déclamés de manière trop peu naturelle... La longue scène de la querelle et du projet de départ de Julie et John m'a souverainement cassé les oreilles : trop de cris, trop de mines crispées... Je n'ai pas apprécié le visionnage de ce film, bien que je lui reconnaisse de réelles qualités. Tout m'a semblé gris et sombrant dans une mollesse étouffante. J'ai trouvé que, paradoxalement, malgré les coups d'éclat factices des personnages, le film manquait vraiment de vie... Dommage, ça aura été une expérience douloureuse mais enrichissante.