Dans la noblesse Française du 18ème siècle, une jeune veuve d’abord allergique à l’amour et au mariage finit pas aimer et céder aux endurantes avances d’un Casanova pourtant notoirement séducteur. Quand celui-ci renoue avec ses manies frivoles, elle fomente une vengeance initiatrice de vertus, en organisant désir inassouvi, convoitise démesurée et pourquoi pas asservissement déshonorant son ancien ami, grâce à la complicité de Mademoiselle de Joncquières, une prostituée au rôle destiné à broyer la fortune, la réputation comme le cœur du cavaleur.
Victoire totale, mais bien sûr comme personne n’eût pu le supposer.


Ni notre géniale héroïne qui endosse progressivement la panoplie du bourreau en se noyant d’amertume, ni le sans-cœur touché dans son désespoir pathétique, son amour et son romantisme insoupçonné, ni l’irrésistible jeune fille calculatrice qui voit éclater pureté, conscience et subtilité.


Quel petit bonheur à voir et à entendre que ce vaudeville tiré du roman de Denis Diderot de 1784, aux dialogues délicats et joueurs, en une langue française fine, riche et colorée, tombée aujourd’hui dans un si sombre oubli. Chaque phrase dévoile et induit, chaque tirade dénonce et provoque, chaque repartie implique et s’amuse, avec les valeurs, les idées, la philosophie de l’amour, du libertinage, de l’épicurisme qui flambe et du couple qui s’émousse, de la douleur et de la rédemption, ou encore du travestissement et de la sincérité, rarement présents là où on les attend.

etiosoko
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films avec Cécile de France et Les meilleurs films de 2018

Créée

le 30 janv. 2019

Critique lue 385 fois

14 j'aime

3 commentaires

etiosoko

Écrit par

Critique lue 385 fois

14
3

D'autres avis sur Mademoiselle de Joncquières

Mademoiselle de Joncquières
guyness
8

de France, insoumise

Certains projets semblent avoir du plomb dans l’aile avant même leur lancement: un texte daté qui semblera ampoulé ou poussiéreux au plus grand nombre, des acteurs ayant jusque-là peiné à convaincre...

le 25 janv. 2019

57 j'aime

19

Mademoiselle de Joncquières
titiro
7

Pureté et ravissement.

La qualité n'est pas toujours récompensée. Mais parfois, il arrive qu'une perle rare ne passe pas inaperçue, au milieu de ce florilège de sorties cinématographiques pas toujours réjouissantes. Une...

le 11 oct. 2018

21 j'aime

7

Mademoiselle de Joncquières
Cinephile-doux
7

Raison et ressentiment

Tout le cinéma d'Emmanuel Mouret est contenu dans le titre de l'un de ses films : L'art d'aimer. Il y est toujours question de raison et de sentiments et parfois de ressentiment comme dans...

le 12 sept. 2018

20 j'aime

5

Du même critique

Jungle
etiosoko
8

Un miraculé de l'Amazonie

Après 3 ans de service militaire israélien, Yossi Ghinsberg joue le touriste aventurier en Amérique du Sud, en sympathique amateur d’explorations originales et de pachanol, avant de se laisser...

le 26 nov. 2017

31 j'aime

4

Aquaman
etiosoko
4

Epitaphe super-héroïque

Chez Marvel, okay, j’avais pigé que c’était devenu de la pétarade non-stop et du dessin animé, mais là, mince, oh non, voilà que les super-héros de chez DC sombrent à leur tour dans les...

le 18 févr. 2019

30 j'aime

7

Premier Contact
etiosoko
8

Notre langage induit notre conceptualisation

Douze gigantesques vaisseaux spatiaux extra-terrestres stationnent chacun en un point précis de la Terre depuis plusieurs jours. Armées, politiques, philosophies, religions, sociétés, économies, sont...

le 1 mars 2017

30 j'aime

7