La rencontre impromptue d'un maître (Rohmer) et de son élève (Jocelyn). L'élève chaperonné par le maître. Le maître éveillé par l'élève. Avec un tel speech, il était difficile de ne pas être naturellement conquis. Mais un tel film, se faisant l'analogie d'un relation réelle porte son point d'ancrage dans l'incarnation d'une force, d'une relation. Malheureusement, la caméra de Léa Fazer est mise en péril par plusieurs lacunes de taille: une introduction poussive, un jeu d'acteurs exagérément surjoué (notamment la figure du jeune bleu découvrant inopinément la beauté du cinéma d'art et d'essai), frôlant l'outrance lors des régurgitations pompeuses d'auteurs magnifiques et une mise en scène prêtant hommage à un maître du Cinéma, en l'occurrence Rohmer. Seul Michel Lonsdale est porté par la grâce, ce qui maintient le film et permet à la seconde partie du film de prendre vie, de souffler.

Car Maestro, malgré ses défauts visibles et perfectibles, reste une belle source de lumière pour quiconque est sensible à la poésie. Et si les citations et les séquences de dialogues peuvent sembler trop écrites, trop compartimentées, la sémantique douteuse, calquant celle de Rohmer, parvient par plusieurs endroits disséminés dans le film à briser la cassure du début. Tantôt s'illustrant dans la légèreté, tantôt dans la gaieté, Maestro délivre un message gentillet et humble.

Un film agréable à regarder mais n'incarne jamais réellement le concept fondamental de son ambition: la transmission passionnante d'un maître à son élève, ce mystère insondable de l'éveil des sens.
Monsieur_Biche
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le 25 juil. 2014

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