Il y a des choses profondément attendrissantes dans « Maestro ». A commencer sans doute par ce double hommage à Eric Rohmer et Surtout Jocelyn Quivrin (à l’origine du projet). Par cette caricature douce et amère, on découvre le grand maître du cinéma d’auteur français, aux films réputés maniérés et difficiles d’accès pour le grand public, comme un ascète des mots, coincé dans un carcan élitiste, qui en fin de vie, lui pèse et qu’il aimerait fuir. Le catalyseur de cette liberté tant attendue, est le jeune Henri, pseudo acteur, un peu branleur, qui arrive par hasard sur le tournage. Il y est un véritable trublion. C’est cette complicité, cette connivence entre le maître et l’élève qui nous offrent au film ses plus beaux moments. Le vieil homme, qui sait que son genre de cinéma s’éteindra avec lui, tente de passer le flambeau à ce jeune homme libre, doué. Il va lui transmettre l’essentiel pour qu’il le porte dans son univers si radicalement différent. Tout aussi réjouissant, est de voir Piu Marmaï pouvoir enfin donner la vraie dimension de son talent. Là où il végétait depuis quelques années, ici, il est d’une rare intensité. Quant à Michael Lonsdale, dont l’extraordinaire longévité du talent ne faiblit pas, avec une bonne dose de second degré et de subtilité, il incarne un Cedric Rovère avec malice, causticité et un énorme respect ! Chapeau les artistes !

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le 10 sept. 2014

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Fritz Langueur

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