Divan antidépresseur pour de Niro

Harold Ramis orchestre la rencontre détonante entre le gangster déprimé De niro et le psychiatre freudien Crystal. Seul remède: le rire.

Harold Ramis est un cinéaste étonnant. Il travaille dans le système hollywoodien, mais garde une grande part de son intégrité en réalisant des comédies très souvent savoureuses, comme «Un jour sans fin» («Groundhog Day») ou «Ma femme, mes doubles et moi» («Multiplicity»). A chaque fois, il s'octroie les services d'un comédien réputé dans le registre du rire: sa caméra a vu défiler Bill Murray ou Michael Keaton pour ne citer que ces deux. Dans tous les cas de figures, il ne fait jamais appel à des stars du box-office. Il choisit toujours ses acteurs pour leurs compétences comiques. Aujourd'hui il confronte De Niro et Billy Crystal dans un face-à-face hilarant.
Paul Vitti (Robert De Niro) est le pilier d'une des familles mafieuses les plus influentes de New-York, mais il déprime, et ce, à la veille de devenir le maître incontesté du crime organisé de Big Apple. Par hasard et par chance, Jelly (Joe Viterelli), son garde du corps, emboutit la voiture du Docteur Ben Sobol (Billy Crystal). Le lendemain, Vitti débarque dans le cabinet de Sobol, en exigeant sa guérison pour le jour fatidique de son couronnement dans le monde des «affaires». Dès lors, à la moindre crise d'angoisse, panne sexuelle ou frustration, Vitti fait appel aux services de son psy. Sous peine de représailles, Sobol n'a aucun intérêt à refuser un rendez-vous. Le gangster le dérange en pleine nuit pour un rien, ruine son mariage. Ce qui énerve prodigieusement la fiancée de Sobol (Lisa Kudrow échappée de Friends).
Harold Ramis détient une recette magique composée de deux éléments: une distribution délectable et un scénario malin. Ici, le récit repose sur l'antagonisme entre les deux personnages principaux. Dans la peau du psy, Billy Crystal joue sur le registre freudien avec une grande ironie. De Niro lui parodie ses rôles de légende qu'il a tenus chez Scorsese, De Palma, Coppola ou Leone, comme s'il accentuait les pire défauts de chacun d'eux pour créer ce jouissif Paul Vitti. Ajoutez à cela une musique jazzy pleine d'humour de Howard Shore, habitué pourtant aux ambiances glauques de Cronenberg, et vous obtenez un délicieux moment de cinéma en compagnie de deux grands acteurs.
RemyD
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le 23 oct. 2010

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