Les intentions de Henry Hobson avec son film Maggie sont bonnes. Vouloir faire en sorte que le film de zombies cesse de tourner en boucle depuis plusieurs années et accouche d'un peu plus de films qui sortent de la série Z. Le pari était risqué et même un peu fou d'autant que, si les films de zombies ne sortent jamais de cette légendaire série Z, on s'en moque quand même un peu. Ce n'est pas comme s'il y avait des enjeux, au-delà d'un divertissement devenu bas de gamme ou d'une frayeur bon marché qui ferait plutôt rire.


Mais bon, prenons ces bonnes intentions au mot un instant. Henry Hobson se sort du shéma habituel et mérite déjà pour cela un peu de considération. On débarque alors que l'épidémie est déjà bien entamée, dans une société où l'État n'a pas encore disparu, où les forces de l'ordre semblent encore faire leur travail et où la transformation en zombie est traitée comme n'importe quelle autre contagion virulente. Un peu de nouveauté donc, sans oublier un film quasiment sans zombies, très peu démonstratif donc.


Oui mais, lorsqu'on essaie d'aborder le sujet sous un autre angle que celui du film d'horreur pur, il faut pouvoir proposer autre chose et ça, Henry Hobson n'y parvient que trop rarement. Malgré le sujet, son film n'a presque pas de dramaturgie, peu de moments de tensions, les personnages semblent évoluer dans un brouillard opaque. On retrouve ce flou dans une narration sans énergie ni construction, les scènes n'ont pas d'introduction ni de conclusion. On passe de l'une à l'autre sans réelle transition, on ne s'attache pas non plus aux personnages, les scènes d'intimité sonnant faux.


Et il y a Arnold Schwarznegger, qui aurait trouvé là le rôle de sa carrière, celui qui prouverait aux monde qu'il est plus qu'une montagne de muscles dédiée aux films d'action. C'est vrai que son interprétation est bonne, mais elle n'est en rien une performance. Son registre reste limité et, disons juste qu'il a enfin trouver un rôle qui lui convient. Comme ces jeux pour enfants où des formes doivent être associées, Schwarznegger ne semble pouvoir se mouler que dans un type de rôle: monolithique, aux airs pénétrés et avec aussi peut de dialogues que dans l'ouverture d'Il Était Une Fois Dans l'Ouest. Donc oui, Wade est sans doute son moins mauvais rôle, mais il n'est pas prêt pour autant à jouer Hamlet.


Maggie est presque un dommage collatéral, mais le défi était de taille. Il faut un talent énorme pour transformer un phénomène de mode tel que celui des zombies, tellement maltraité au cinéma ces dernières années, tellement associé à l'âge adolescent. D'autant qu'une telle ambition ne donne pas forcément envie, que les films de zombies puissent être sacrifiés sur l'autel des profits ne soulèvera pas de protestations outrées. Maggie reste ce qu'il est, une oeuvre pétrie de bonnes intentions, mais qui ne se donne ni les moyens, ni le talent de ses ambitions et comble du comble: Henry Obson parvient réalise le film de zombies le plus soporifique du cinéma.

Jambalaya
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le 28 mai 2015

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