Un Mike en petite tenue et en petite forme

Tout semblait annoncé dans le titre : MAGIC MIKE XXL promettait d’être plus énorme que le premier volet, mais pas sur le terrain de la subtilité. Promesse tenue.


Ce nouvel épisode des aventure de « Magic Mike et cie » est plus sexy, plus vulgaire, plus démonstratif que son prédécesseur. Sous couvert d’une histoire aux allures de road movie et reposant sur le concept «de der des der » avant de dire adieu au monde de la nuit, les personnages affichent des excès et une superficialité pas des plus intéressants. Ce que ce film gagne en légèreté, il le perd en profondeur.


En se débarrassant du personnage de Dallas (interprété par Matthew McConaughey), de son côté requin et businessman, le film s’effeuille de ses facettes les plus solides, celles qui avaient surpris les spectateurs et permis au premier de briller plus par son propos que par ses strings à paillettes. Adieu donc à ce portrait au premier degré du monde de la nuit, dans lequel le striptease était une source de revenus et, à ce titre, un motif de travail constant et de déplaisir éventuel. Ici, la nuit revêt de nouveau ses habits de lumière et de frivolité.


Voilà qui est dommage, car l’on se rend vite compte qu’il y a plus d’occasions manquées dans ce Mike que de vêtements sur son dos. Certaines pistes existent qui, si développées, auraient constitué une trame intelligente et intéressante : la liaison entre l’impératif de beauté et le caractère éphémère de ces métiers de la nuit, la nécessité de s’en servir comme tremplin pour l’après, l’opposition entre l’underground (voguing, drag, clubs privés) et l’événementiel, la différence culturelle entre l’acceptation du strip masculin et la mauvaise réputation du strip féminin (mais à quoi sert donc le personnage d’Amber Heard si ce n’est à cela ?). Après un premier film centré sur un jeune nouveau venu dans le milieu, on ne demandait qu’à s’attacher à cette bande d’adultes sur le départ. Frustrant.


Reste qu’à défaut de convaincre sur le fond, MAGIC MIKE XXL a de (gros) arguments sur la forme. Fidèle au premier concernant la photo et son alternance déroutante de jours aux couleurs pastel et de nuits aux néons, il séduit grâce à ses scènes de danse absolument enivrantes par une profusion de mouvements, une musique trop forte et une abondance de plans rapprochés. Par moments, la caméra oublie la chorégraphie et se fixe sur un visage ou une partie du corps, ou comment sacrifier avec brio la lisibilité d’une scène au profit d’un érotisme décomplexé.


MAGIC MIKE, malgré son XXL, n’a donc pas déployé tout son potentiel. A défaut de se hisser –à la force de ses bras musclés- à la hauteur du premier, il réussit à s’imposer avec virtuosité dans le registre du film de danse. Nos yeux le remercient.

CLaze
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le 21 juil. 2015

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