Woody Allen est une machine cinématographique produisant des films en quantités industrielles depuis quarante ans, que ça soit pour le meilleur, mais aussi pour le pire. Magic in the Moonlight s'inscrit dans la catégorie des grands Woody. Le décor est planté dès les premières scènes, les protagonistes sont des magiciens, tous plus menteurs les uns que les autres. Colin Firth est sommé par un ami de l'aider à démasquer celle qui se fait passer pour une médium. L'action du film se passe dans le Sud de la France, sur la côte d'Azur chez de riches propriétaires anglais. La reconstitution (début du XXème siècle) est très bien exécutée, les voitures sont somptueuses et les costumes tous plus élégants les uns que les autres. A vrai dire, il n'y a quasiment aucun défaut au niveau de l'image dans ce film. Tout est parfaitement pensé du début à la fin. Comme toujours chez Woody Allen, la bande originale est essentiellement composée de jazz et de musique classique, ni trop présents, ni pas assez. Le mélange colle parfaitement avec le film. Le scénario est une espèce de "cluedo au pays des magiciens" et, même si l'issue est prévisible, on se laisse (très) facilement emporter dans cette histoire.

Les dialogues portés par deux acteurs exceptionnels sont d'une drôlerie et d'une finesse inouïes. Colin Firth campe un prestidigitateur misanthrope au possible, cynique à souhait. Il tient ici son plus grand rôle et prouve qu'il est un fabuleux acteur de comédie. L'acteur allie sa classe et son flegme à une diction épatante. De son côté Emma Stone irradie. Qui l'eut cru ? Habituelle pensionnaire de blockbusters moyens ou de comédies légèrement graveleuses sur les bords, elle est sublimée par la caméra du réalisateur et un scénario qui se révèle être une véritable pièce de théâtre. Espérons que ce soit elle, la nouvelle muse de Woody succédant à Scarlett Johansson. Elle est superbe en manipulatrice facétieuse, jouant sans cesse au chat et à la souris avec Colin Firth. Mais qui est le chat et qui est la souris ? Aucune importance. Firth, c'est le Woody des débuts, l'infernal misanthrope. Stone, c'est son penchant clair, un peu à la manière de Whatever Works (sans Woody) et de l'immense Annie Hall (avec Woody). Ici, le pessimiste cartésien n'est bon qu'a transmettre son mal-être à ceux qui l'entourent. Quant à l'optimiste, c'est un benêt sans nom (cf. le personnage de Brice). Et il y a Sophie. Elle apporte le bonheur, non pas par sa magie, mais par sa présence. Que ce soit pour les personnages, mais aussi pour les spectateurs.

Si le film progresse en mettant en place une romance, l'ironie constante du scénario et des interprétations fait qu'il ne plonge jamais dans "l'eau de rose" que l'on peut redouter. Magic in the Moonlight est sans cesse pétillant, charmant, mais jamais niais. Ce film n'a en aucun cas la prétention de révolutionner le cinéma, ni d'être un chef d’œuvre. C'est un film providentiel, un film euphorisant. On sort de la salle avec le sourire aux lèvres, avec l'envie d'être projeté dans le passé, de devenir magicien, et de rencontrer Sophie.
Loicb
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le 12 févr. 2015

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