Le charme pas si discret de l'empoisonneuse liliputienne

"Charmant". Ca peut paraître affreusement trivial mais c'est l'adjectif qui reste en tête alors que défile le générique de fin. En effet, comment rester insensible au bleu profond des billes d'Emma Stone, au flegme chancelant de Colin Firth, à la lumière irradiante de la Provence, à cette reconstitution des années 20 souvent digne d'un tableau de Cézanne ?


Derrière ce charme se cache toute la malice de Woody Allen à travers un postulat de départ déjà plutôt excitant et riche de possibilités, puis dans ce développement sciemment maîtrisé qui sait parfaitement où il veut nous mener. Quand le grand peintre pince-sans-rire de la condition humaine s'attaque au surnaturel, il ne parle ni plus ni moins que de son grand thème de prédilection et de ce qui fait tourner le monde, l'amour avec un grand A. S'il n'évite pas les redites - c'est compréhensible après 44 films - il prend un malin plaisir à réinventer son propos de façon ludique avec ce jeu de dupes dans lequel sont pris ceux qui croyaient prendre.


Allen retrouve quasi intacts sa verve et son sens du dialogue ciselé, notamment dans cette scène géniale entre Colin Firth et Eileen Atkins, lors de laquelle Stanley comprend qu'il est amoureux, et qui décortique le coup de foudre avec une précision d'horloger. Firth montre au passage qu'il peut tout jouer, tandis que le magnétisme élégant de la frêle Emma Stone éclate enfin devant la caméra d'un réalisateur qui n'a plus rien à prouver dès lors qu'il s'agit de filmer les femmes.


Magic In The Moonlight n'a pas la portée ni le pouvoir comique des plus grandes réussites d'Allen, mais il confirme qu'il a encore pas mal de tours dans son sac, et que le meilleur est peut-être encore à venir.

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le 22 mars 2016

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magyalmar

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