"Main dans la main", sorti le 19 décembre dans les salles, est le troisième film de Valérie Donzelli, après "La reine des pommes" et le plus remarqué "La guerre est déclarée". On y retrouve ses acteurs fétiches, tels que Béatrice de Staël, mais aussi elle-même, et, bien sûr, son compagnon Jérémie Elkaïm.

Il en va de soi désormais que pour chaque nouveau film estampillé "Donzelli", on s'attend à une mise en abîme totale de la vie personnelle de la réalisatrice, et de sa relation intime avec Jérémie Elkaïm. Ici, point de voyeurisme ou d'atteinte à la pudeur. Le résultat produit n'est qu'une envie charnelle de partager ses propres sentiments, et de vivre (qui ferait le contraire ?) de ses propres expériences en les retranscrivant dans son art. Pourquoi pas.

Ce récit, on le perçoit immédiatement, est plus facile d'accès que "La guerre est déclarée". Plus léger car à la portée moins prétentieuse et plus générale sur une histoire que nous sommes tous susceptibles d'avoir vécu un jour..

La problématique abordée est celle de la vie commune de deux personnes qui s'aiment mais que tout sépare. La mise en abime, on l'a déjà dit, avec la vie personnelle de la réalisatrice est ici omniprésente. Perpétuelle remise en question de la relation idéale non par la recherche de la présence de l'être parfait mais par celle de l'adaptation de son propre mode de vie pour atteindre une situation de bonheur. On comprend ici l'amour bien ambiguë mais tellement compréhensible qui unit Valérie Donzelli à Jérémie Elkaïm. L'apparition de leur enfant dans une des dernières scènes confirme bien l'aspect très intime de l'histoire.

Du point de vue des acteurs, le casting paraît juste, quoique peu diversifié par rapport aux précédents films de Valérie Donzelli. Rarement vu dans des rôles aussi réalistes, Valérie Lemercier surprend par sa beauté un peu ignorée, un peu stupide. On la découvre très attendrissante dans ce rôle de grande dame au coeur abandonné. Jérémie Elkaïm, quant à lui, paraît tellement bon qu'on se demande s'il n'est pas strictement identique à son personnage dans la vie réelle. A noter la prestation touchante de Béatrice de Staël en amie dévolue à la vie gâchée. Elle offre une des scènes les plus emblématiques du film avec Jérémie Elkaïm, lorsqu'elle présente à ce dernier l'histoire subie d'un "trouple"...

Valérie Donzelli profite de l'opposition des deux personnalités de ses peronnages principaux pour aborder certains sujets de manière rapide. Dommage. Notamment, la liberté par l'argent, que le personnage de Valérie Lemercier tente d'expliquer au début du récit, ou encore, l'attachement jaloux d'une soeur pour un frère qui n'en demande pas plus.

La mise en scène bien reconnaissable, alliée à une musique bien caractéristique de l'univers de Valérie Donzelli, offre de véritables morceaux de tendresse et d'émotions. Ce film a un mérite qu'on ne peut lui contester : celui d'appartenir à un univers bien identifiable, loin des films pépères et cloisonnés de la comédie française actuelle ou des romances à l'eau de rose écrite de bout en bout par un passé marketing bien trop lourd.

Le film pêche malgré tout par certaines longueurs à sa toute fin. Dix minutes de moins et il en était parfait.

Mais (attention - spoiler) la dernière scène offre néanmoins un nouvel éclairage qu'on ne saurait remettre en cause. Valérie Donzelli nous apporte finalement sa réponse à la problématique posée plus haut : lorsqu'un couple ne peut se séparer, et ce malgré toutes les différences déchirantes qui le forment, c'est peut-être qu'il est voué à perdurer. Et c'est peut-être ça, disons-le, le véritable amour. Non le passionnel, l'éphémère et le parfait, mais bien le quotidien, le long et le triste. Celui qu'on ne peut jamais vraiment expliquer.
Cinemago
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le 27 nov. 2012

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