Amour interdit.

Marion Cotillard joue Gabrielle, une femme des années 1950 scandaleuse en soi ; elle exprime de manière très expressive son amour. Ce qui est perturbant non seulement pour les hommes, mais pour ses parents qui pensent qu'elle devient folle. Cependant, ils décident de lui faire un mariage arrangé avec un ouvrier espagnol, qu'elle n'aime pas, mais comme elle souffre de calculs rénaux, le fameux mal de pierres, elle va être conduite en cure où elle va rencontrer un jeune soldat qui va lui provoquer de forts sentiments.

Fortement hué lors qu'il fut présenté au Festival de Cannes, ce film de Nicole Garcia ne méritait pas un tel mépris. Ne serait-ce que pour Marion Cotillard, laquelle est magnifique en jouant pour nous autres contemporains une femme qui fait ce qu'elle veut de son corps, mais avec le recul des années 1950, elle est scandaleuse. Non seulement elle provoque des ouvriers en étant nue derrière des persiennes, mais elle est également dans le plus simple appareil dans sa chambre. Peut-être dirons-nous aujourd'hui que c'est une érotomane, mais dans la société corsetée de cette époque, ça ne passe pas, au risque de provoquer le déshonneur familial.

Le personnage est non seulement intéressant, mais aussi par l'implication totale de l'actrice, laquelle n'en fait point trop, quitte à exhiber son corps, mais qui est freinée par ces calculs rénaux qu'on connaissait mal à l'époque, et qui va conduire à cette deuxième partie dans la cure thermale.
Ce fameux mari, dont elle ne veut pas à tel point que leur première relation sexuelle est tarifée (!) est incarné par l'excellent Àlex Brendemühl. Il est toujours dans le renfermement, acceptant difficilement que celle qui est sa femme ne le veut pas, jusqu'à avoir une grande dignité au fur et à mesure de l'histoire. C'est un personnage qu'on voit assez peu, mais qui se révèle touchant.
Quant à Louis Garrel, qui est ce fameux soldat dont Cotillard va tomber amoureuse, je dirais poliment qu'il sait ce qu'il sait faire de mieux, à savoir la gueule. Alors, certes, son personnage est blessé, prenant de l'opium pour oublier la douleur, mais il est difficile de trouver intéressant quelqu'un qui fait à ce point la tronche, à tel point que quand je le voyais, c'était Louis Garrel, et non pas ce soldat.

Dès la troisième partie, à la sortie de la cure, le film va prendre un ton plus dramatique, voire même fantastique, et flirter enfin avec cette émotion dont Nicole Garcia semble aller à tatillons. Je trouve cette fin vraiment touchante, et plus que ça, très surprenante, avec un basculement du point de vue sur la partie cure thermale.
Au fond, que reste-t-il de Mal de pierres ? Une performance incandescente de Marion Cotillard, de superbes décors, la découverte qu'est Àlex Brendemühl, et ce qui me freine au fond, c'est qu'il faut attendre plus de 90 minutes pour voir enfin de l'émotion, de la flamme. Dommage, mais ça reste tout de même à voir.