Le Parrain Vs Molière

Cette farce sympathique offre un regard neuf sur le monde mafieux, outre l'incontournable Mafia Blues, dont le héros est (encore une fois) de Niro. A croire que le malheureux joue jusqu'au bout le rôle de l'éternel mafieux, ici plus ou moins repenti. Peut-être même peut-on y dénicher une certaine auto-dérision, voire un regard distancié de l'acteur-personnage fétiche des films de bandits, en train de reconsidérer sa longue carrière de forfaits et de débauche morale.

Bref notre cher mafieux joue la carte du retraité en proie à des anciens "collègues" peu enclins à la miséricorde, suite à leur délation. Sauf que sa famille est elle aussi embarquée dans les histoires du pauvre vieillard, et se sont rendus complices eux aussi des innombrables et invraisemblables crimes commis dans d'autres villes écumées par la famille avant le début de l'intrigue. Bref, une série de situations hasardeuses que même le pire malchanceux ne saurait égaler vont s'abattre sur cette paisible famille américaine en mal du pays momentanément recluse dans un hameau au fin fond de la Normandie. Ce qui ne va pas arranger leur nostalgie du pays. L'intrigue est loufoque, les événements sont improbables, mais la caricature est assumée, puisque le film émane lui-même d'un livre à caractère humoristique. Mais parfois, sous couvert de parodie assumée, l'humour et la farce dépassent les limites du raisonnable, et Besson croit peut-être palier ces énormes incohérences et excès scénaristiques par le casting alléchant qui compose le film.

Reste les musiques du film, fort appréciables, et qui rythment plutôt bien les nombreuses scènes d'action, puis la façon très particulière de filmer, en gros plan (presque fétichiste ici), mais qui atteste une certaine sincérité, dans l'expression des sentiments, ou plutôt en ce qui concerne de Niro, la formidable invariance de son apathie, du début à la fin du film. J'omettrais volontairement de parler de la fille, "bombe sexuelle" inassumée (au point d'en être ridicule), et l'anglais parfait des péquenots du coin, chose totalement improbable quand on sait le niveau en langues du français moyen...