Un réanchentement réussi !
Alors ! « Mesdames et messieurs, et vous les enfants… » Je suis comme un grand fan de Disney. Mais je peux aimer tout en critiquant lorsque c’est nécessaire. Ainsi, malgré une fin très osée pour un Disney, j’ai fort peu apprécié « La Reine des Neiges », trop mou, trop classique, trop proche des précédentes itérations, sans réel génie narratif, plombé par une réalisation sans ampleur et un répertoire musical assez austère (en dehors du thème principal). Mais ce n’est pas le sujet ^^
Revenons-en à « Maléfique ». J’ai vraiment beaucoup aimé le film. Plus que jamais, Disney bouscule ses codes en définissant une frontière plus ambiguë entre le Bien et le Mal. Ainsi le film expose une Maléfique moins manichéenne. Il humanise le personnage, ce qui le rend nettement plus intéressant. On assiste au basculement de Maléfique dans l’obscurité, on perçoit à chaque instant le tiraillement entre le Bien et le Mal qui l’anime, l’ambivalence permanente qui l’habite (j’ai adoré ça), et, au final, on développe une vraie empathie à son égard. A noter que la prestation d’Angelina, un choix que j’accueillais pourtant avec beaucoup de scepticisme, est vraiment excellente ! Mention spéciale également à l’actrice qui joue Aurore. Une fille banale, ça change de la princesse physiquement bling-bling. Le reste du casting est un peu plus aléatoire… Et les trois fées sont juste horripilantes !
La réalisation, quant à elle, est impeccable et la féérie Disney est omniprésente. J’ai particulièrement apprécié le rythme du film. Là où il aurait pu s’enliser dans le désormais traditionnel format 2h/2h30, souvent vain, propre aux réalisateurs qui se pensent bêtement capables de maîtriser leur narration aussi longuement, « Maléfique » se borne au format traditionnel des 90 minutes (et des poussières), avec un bon équilibre entre la narration et les scènes d’action qui ne sont clairement pas le point fort du film ^^
Alors, certes, en limitant sa durée, le film pèche sans doute par une certaine facilité. Ainsi, certains trouveront sans doute à redire sur l’évolution psychologique de Maléfique. Ils la jugeront probablement trop caricaturale. Il est vrai que le personnage, une fée initialement pétrie de bonnes intentions, passe du Bien au Mal suite à une trahison (notamment) amoureuse. Je conçois que, aux yeux de docteurs en psychologie, le motif soit un peu léger. Mais je suis personnellement convaincu que certains événements traumatiques peuvent altérer profondément la psychologie et la perception du monde d’un individu. Dans les moments les plus sombres, lorsque les blessures sont si grandes qu’elles ne connaissent aucune véritable guérison, l’obscurité devient parfois la voie la plus simple, la plus évidente ; une question de survie face à une détresse dévorante. En l’occurrence, Maléfique perd ce qui est le plus cher à ses yeux et son basculement brutal ne m’a donc pas étonné. Par ailleurs, force est de constater que, au-delà de cette évolution psychologique qui peut apparaître simpliste, façon Anakin dans Star Wars (ouais, maintenant que je les ai vus, je peux me la péter ^^), le film joue en permanence sur l’ambiguïté entre le Bien et le Mal. Ainsi, Maléfique, pervertie par le Mal, développe une relation étonnante avec Aurore qui questionne perpétuellement le spectateur sur sa vraie nature.
Au final, j’ai beaucoup aimé le message du film : le Bien et le Mal sont indissociables. Et, surtout, le Mal n’est pas forcément là où on le pense. Car, en définitive, dans le film, le Mal absolu réside dans la soif de pouvoir qui dénature tout ce qu’elle touche. Un Mal incarné par le Roi Stéphane qui, traditionnellement, en qualité de roi, incarne la bonté absolue.
Deux énormes bémols tout de même pour conclure…
1. Au début du film, Maléfique est une gentille petite fée. Bon… elle est mignonne tout plein hein… Le problème c’est que quand on s’appelle Maléfique, ça fait un peu tache d’être la petite gentille de service qui ferait passer Blanche-Neige pour une sociopathe. C’est donc totalement incohérent… Je ne comprends pas pourquoi les scénaristes ne lui ont pas donné un nom initial plus neutre. « Maléfique » aurait pu devenir le surnom qu’on lui donnait lorsqu’elle commence à répandre le mal. C’est bien parce que je suis fan de Disney que je passe outre cet élément gros comme une maison et qui, à lui seul, dans les 4 premières minutes du film, décrédibilise totalement le scénario ^^
2. Tout comme dans « La reine des neiges », on découvre dans « Maléfique » que l’amour véritable n’est pas toujours celui que l’on pense. Alors, certes, j’aime beaucoup ce message… mais sortir deux fois de suite le même final, ça commence à frôler l’indécence. Réveillez-vous, messieurs les scénaristes ^^
Vous l’aurez compris, je vous conseille « Maléfique ». Pas un film inoubliable, mais clairement une bonne pioche.