Dans un total mépris des textes d’ABBA à la signification souvent éludée, Mamma Mia ! Here We Go Again aimerait chanter le deuil d’une mère par sa fille alors en proie aux mêmes inquiétudes que celle-ci lorsqu’elle partageait son âge : l’amour-passion, le mariage, la maternité. Pour ce faire, le film se scinde en deux temporalités entremêlées : le présent dans lequel déambule la fille, jouée par Amanda Seyfried, en compagnie de sa famille élargie, le passé où l’on suit Dona Sheridan alors jeune femme et son périple tant géographique que libertin au terme duquel les trois hommes de sa vie auront été présentés. Le principal problème inhérent à cette construction dramatique réside dans l’engloutissement de l’instant présent par la superposition des instants passés : le film proclame le rétablissement intérieur, symbolisé d’ailleurs par la restauration de l’hôtel familial, mais écrase ses protagonistes sous l’ombre de spectres envahissants venus monopoliser les trois quarts de la pellicule. On ne voit que trop peu Amanda Seyfried, Christine Baranski, Julie Walters ainsi que le trio masculin original, réduits ici à de l’anecdotique. En face d’eux se trémousse une bande d’énergumènes désireuse de coucher avec la Terre entière, qui passe son temps à adopter des postures lascives et à crier à tout bout de chant. Pauvre Meryl Streep, qui méritait bien mieux. Hors-sujet intégral, cette suite se contente d’accumuler, d’entasser, soucieuse de remplir chaque pore de sa structure par des chansons qui jamais ne se justifient, jamais ne font évoluer une intrigue cousue de fil blanc, aussi transparente que médiocre.