Cette critique contiendra des spoilers, difficile de faire autrement.
J'ai vu ce film hier soir, avec ma compagne. Nous avons été tous deux frappés par une interrogation "est-ce que c'était très moyen ou est-ce que nous n'avons rien compris à ce que l'auteur voulait nous transmettre ?"
Je me suis réveillé ce matin avec une idée qui permet de résumer ce film de manière très brève : il évolue exactement de la même manière que son héros.
Ji-Wook est un policier bad-ass et surpuissant qui veut se transformer en femme douce et raffinée.
Le film est un film policier bad-ass qui veut se transformer en film sur les identités transgenre.
Ji-Wook, après son combat final, échoue à se transformer en femme douce et raffinée.
Du même fait, le film échoue à se transformer en film sur les identités transgenre et reste, jusqu'à la fin un banal film policier avec un héros bad-ass.
Je ne dis pas que l'intention est mauvaise mais cet aspect "bâtard" du film, qui est, il faut le reconnaître, très audacieux, ne parvient jamais à son aboutissement. C'est comme si rien ne s'était passé : l'intrigue sur le violeur disparaît aussi vite qu'elle est apparue, sa romance avec son ancienne collègue, pareil, sa volonté de devenir une femme, même chose, la rivalité avec l'antagoniste superficiel qu'on ne nous a que très peu présenté, schlack, si vous me permettez l'onomatopée et le désir instigateur du film de créer une espèce de tergiversation entre la nécessité de demeurer virile et la volonté d'assumer pleinement qui on est et de réussir à le devenir... Sans réponse.
Enlevez tous les éléments de cette intrigue qui ne trouvent pas leur résolution ou de réponse, même cachée ou trop subtile, et vous vous retrouvez avec un film sur un homme blessé, qui se mutile et se bat en tenant un parapluie.
Je ne dirai pas que c'était un mauvais film : la photographie est magnifique, les acteurs tous excellents, je crois que là où ça pêche c'est le montage qui n'a pas été suffisamment permissif pour laisser son auteur raconter ce qu'il voulait vraiment raconter. La réponse que j'ai trouvée est là : on n'a pas compris ce que voulait dire l'auteur du film parce qu'il n'a pas eu l'occasion de le dire.
Je suis peut-être un peu vague, peut-être aurez-vous des réponses bien plus intelligentes à m'apporter mais je reste pour le moment sur la même impression qu'après Jurassic World : le film est une métaphore de son propre échec.