Est-ce un oiseau? Est-ce un avion? Non ! C'est Superman !

Ou pas.

Man of Steel est donc le reboot de Superman au Cinéma. Un reboot piloté par Christopher Nolan, apparemment devenu rebooteur en chef chez DC Comics depuis sa trilogie Batman, à la production et par Zack Snyder à la réalisation.

Nouveau Superman, nouvel acteur. C'est Henry Cavill, que de malchanceux spectateurs ont pu voir dans "Les Immortels", qui endosse le costume. Mâchoire carrée, musculature impressionnante, charisme d' huître, il est parfait en Superman. Autour de lui le casting a de la gueule : Russel Crowe en Jor-El, Michael Shanon en grand méchant Zod, Diane Lane est la Martha Kent la plus sexy de l'histoire et Kevin Costner s'impose naturellement en Jonathan Kent... il y a même le plaisir de retrouver Christopher Meloni, même si c'est dans un rôle tout pourri. Le problème c'est qu'ils sont tous un peu écrasé par Kal-El/Superman et qu'aucun personnage n'existe vraiment en dehors de Jonathan et de Zod... surtout pas Loïs Lane qui est transformée en potiche qui se languit d'embrasser son bel Übermensch. Alors certes, Amy Adams est très jolie mais ça aurait été sympa d'aller un peu au delà.

Globalement on connait l'histoire : le petit Kal-El est catapulté sur Terre dans une sorte de pénis géant depuis la planète Krypton à l'agonie. Une agonie aussi bien socio-culturelle que stellaire qui sert de long prologue. Du chaos émerge un jeune garçon promis au destin d'un dieu parmi les hommes. Dans les grandes lignes rien ne change mais c'est dans les détails que ce reboot modifie la donne. L'influence de Nolan et de David S. Goyer, le scénariste qui était déjà à l'oeuvre sur les Batman, se fait sentir dans la volonté de proposer une approche "réaliste" de Superman. Forcément quand on s'attaque à un mec invincible, qui vole, qui peut soulever un char d'assaut avec les orteils et dont les yeux projettent des lasers et voient à travers les vêtements de Loïs Lane c'est un peu casse-gueule comme ambition.

Pas de panique ! Nolan l'a déjà fait avec son Batman, la recette est toute prête il suffit de l'appliquer. Il n'y a pas Ra's al Ghul mais on a bien l'exile loin des proches pour faire le point. Qu'est ce qui motive cet exil ? Vous ne suivez pas, on vous a dit qu'on faisait comme Batman. Ainsi Jonathan Kent meurt devant son fils, mais il fait ça bien, il fait ça dans une tornade.

De fait on s'éloigne de la nature même de Superman, puisque ce dernier écoute son père et préfère cacher son identité et laisser mourir un innocent. Alors certes, le côté boyscout ultime de Superman est l'un de ces aspect les plus énervant du personnage mais c'est aussi ce qui fait sa différence : il n'a pas besoin d'être traumatisé pour choisir son camp, il est bon par nature et cela prime sur le reste. Désormais il est traumatisé et ne regardera plus jamais Twister de sa vie.
Mais le plus gros problème est que la séquence, qui est donc l'une des clé de voûte du récit et de la construction du personnage, est parfaitement ridicule. Jonathan Kent meurt parce qu'il sauve un chien. Il lance alors un regard à son fils pour qu'il ne fasse rien, sa mort doit avoir un sens... et le seul sens qui vient c'est que sauver un chien c'est plus important que de sauver quelqu'un, a fortiori son père. OK.
C'est d'autant plus stupide que la relation père-fils est intéressante: le poids de la différence pèse sur Clark et Johnathan lui apprend à gérer son fardeau avec bienveillance. Mais la conclusion de tout ça reste qu'on ne peut toujours pas tuer de chien à Hollywood. OK.

Puis Zod débarque sur Terre, jusque là le film se tenait... sauvetage de clébard mis à part... mais il n'en faut pas plus pour le faire basculer dans ce qu'il n'aurait jamais du être : une défouloire bourrin sans limite et sans retenue. Zack Snyder est là pour tout faire péter et il le fait avec un certain enthousiasme. Quand Superman se prend un coup et traverse 5 immeubles avant de s'arrêter, on ressent bien toute la puissance du combat. Débarrassé de ses ralentis non maîtrisés et de son esthétique habituelle il accouche de scènes d'action qui dégagent un certain cachet, même si question originalité on repassera. On peine parfois à voir la différence avec un Transformers 3 et, dans le genre destruction massive de zone habitée, Pacific Rim a quand même plus de gueule, excusez-moi. Le déluge de patates supersoniques du troisième acte reste efficace et sauve le film de l'ennui mais il agit aussi comme un anesthésiant pour tous les éléments du récit.

Superman est un héros, un vrai, un pur et c'est ce qu'essaye de nous raconter le film. Seulement voilà, dans Man of Steel Superman c'est avant tout un mec qui s'amuse à faire des bastons en plein milieu de Smallville sans chercher une seule seconde à protéger les innocents. Zod attaque sa maman ? Pas de problème, il va faire exploser une usine et une station service pour la sauver. Les ouvriers de la centrale et les clients de la station ? Oups ! C'est d'autant plus con qu'à ce stade de l'histoire la seule chose qui motive Zod et ses hommes c'est.... Kal-El. Soit un mec capable de voler, ou au moins d'essayer de s'enfuir, mais qui préfère esquisser des rictus parce qu'il se croit plus fort que les autres. Au passage il fait exploser le voisinage pour la beauté du sport. Le pire, c'est qu'il recommence juste après. Metroplis est en danger ? Il peut pas, il a piscine.
En fait les seules personne qu'il sauve explicitement en étant Superman c'est 2 militaires et Loïse Lane... 3 fois. Les milliers d'habitants de Metropolis ou Smallville ? Il n'essaye pas et quand à la fin ils ne sont pas tous morts (on distingue clairement au moins 3 survivants) c'est presque un hasard, comme des dommages collatéraux inversés.
Toute cette dernière partie renvoie directement aux Avengers. SI le film de Joss Wedon souffre aussi du côté "youhou ! On explose tout mais il n'y a pas un seul cadavre" il a au moins l'élégance de nous montrer les héros proclamés du film au travail : c'est à dire en train de s'organiser pour sauver des quidams avant toute chose. La priorité du Superman de Snyder est ailleurs, mais où est-elle exactement ? On ne sait pas mais on s'est bien amusé à tout faire péter.

Dans Man of Steel Superman est en fait un parfait connard, égoïste (il ne sauve que sa nana ou presque) et vaniteux (il prend les gens de haut et les infantilise).
Une sensation qui aurait pu être géniale, surtout quand vous êtes comme moi et que vous n'aimez pas Superman et sa perfection moralisatrice, mais qui n'est pas du tout l'intention du film. Non, le film s'évertue, avec tout son premier degré et son absence d'humour, à nous montrer ce personnage comme étant une authentique figure héroïque. Un exemple, un modèle. Quand les survivants de Metropolis émergent des décombres, dans un paysage de désolation et de mort il n'ont qu'une phrase à la bouche "il nous a sauvé", le tout noyé sous les cuivres habituels d'Hans Zimmer.
Qui ça, "il" ? Tu veux dire le mec qui est la cause du désastre et qui n'a pas chercher à empêcher des milliers de morts avant que sa petite amie ne soit en danger ? Ce mec-là tu veux dire ?
Bah merde alors.

Du recul ? Une remise en question ? Même une toute petite ? Un doute alors ? Quelqu'un ? Non ?

Est-ce un missile thermo-nucléaire? Est-ce une des dix plaies d'Egypte? Non ! C'est Superman !

A la fin, Superman discute avec des militaires et se félicite de son travail en parlant de confiance instaurée. Quand il décolle on voit une jeune militaire rougir avant d'avouer qu'elle trouve Superman plutôt canon. On ne pouvait rêver conclusion plus parfaite pour ce qui n'est finalement qu'un film de bourrin de plus :

Superman fait mouiller les militaires... triste.
Vnr-Herzog
5
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le 17 oct. 2013

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le 17 oct. 2013

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