1 Ce film n'égale pas le film de 1978. Ok, c'est le vieux con sentimental qui parle :D
2 Il souffre d'un manque de thèmes marquants comme celui de John Williams pour le film de 1978 (oui, je sais, j'arrête)
3 C'est toujours nettement mieux que les ignobles Superman III et IV, et au-dessus de Superman Returns.
4 Watchmen reste le coup de génie de Zack Snyder, qui s'impose tout de même encore comme un petit artisan de l'action très honnête.

Cette petite mise au point faite, vous aurez compris ce que j'ai pensé en résumé du film : c'était bien, mais pas aussi exceptionnel que le travail de Donner, tout en ressuscitant Superman au ciné de manière assez honorable quand même. Et si vous voulez des détails, c'est maintenant.

Man of Steel, donc, c'est un reboot de Superman, qui semble bien parti pour lancer un univers DC, au vu de sa suite qui amènera Batman, et des références disséminées dans le film. Le tout par Zack Snyder, qui a réussi à adapter Watchmen, et a fait par la suite des films assez honnêtes sans reproduire ce coup de génie. Avec en plus Christopher Nolan et David S.Goyer derrière (pour rappel, ils ont juste ressuscité Batman après l'exécution en règle que lui avait fait subir Joel Schumacher), on pouvait partir confiants. Et, au vu du résultat, c'était avec raison. Mais aussi parfois avec réserve.

Car si Man of Steel réussit à tenir un rythme qui manquait cruellement à Superman Returns et à s'affirmer comme aussi proche des comics que possible (notamment le passage où Sup' apprend à voler. Dans le comics, il ne volait pas et se déplaçait par bonds énormes, jusqu'à ce que la série animée naisse et que les animateurs, flemmards, décident de le faire voler pour se faciliter la vie...), il souffre aussi de plusieurs défauts, plus subtils, mais pas moins pardonnables.

On commencera par la quête initiatique racontée par ces nouvelles origines, qui vient directement rappeler Batman Begins, et les multiples flashbacks. Le souci, c'est que Superman n'est pas Batman, et que ce qui marche avec le Chevalier Noir ne fonctionne pas nécessairement avec l'Homme d'Acier.
Du moins, ça aurait peut-être pu marcher si on avait suivi la vie de Clark dans l'ordre chronologique, et pas au détour de flashbacks qui viennent régulièrement couper l'élan du passage en cours, juste pour nous livrer les multiples aphorismes de Kevin Costner. Costner qu'on a grand plaisir à revoir hors de productions confidentielles, d'ailleurs (je suis un enfant des 90s, je sais :D ).

Kevin Costner qui est au centre d'un des premiers problèmes du film, à travers la scène de sa mort (oui, ho, c'est bon, là, tout le monde sait que Jonathan Kent meurt, hein x)). D'abord, elle est assez ridicule... Jonathan pas foutu de sortir de la même façon que le chien et qui, surtout, empêche son fils d'intervenir (et même juste d'aller sauver le chien lui-même), avec un dernier signe qui fait plus suicidaire qui part sur un acte héroïque qu'autre chose (et pour finir sur "hop, disparition").
Non mais, sérieusement ? Il connaît les pouvoirs de son fils, mais c'est à lui de décider si c'est le moment ou pas qu'il s'en serve ? C'est à tel point qu'il dit ouvertement qu'il aurait peut-être mieux valu qu'il laisse crever les gosses dans le bus...
Donc, Chris, David, Zack, c'est QUOI, votre PUTAIN DE PROBLÈME avec Jonathan Kent pour en faire un sociopathe suicidaire comme ça ? Il endosse le même rôle que l'oncle Ben pour Peter Parker/Spiderman, mais en mode un brin tyrannique, allant droit vers une mort qu'il était plus que possible d'éviter, s'il avait été un peu moins rigide concernant les pouvoirs de Clark.
Et là, je suis obligé de comparer avec le film de Donner. Dans le film de 1978, Jonathan meurt d'une crise cardiaque. Une cause naturelle, que même Clark ne peut combattre, devant laquelle il est totalement impuissant. C'est là qu'il prend la pleine mesure de la fragilité humaine, et de sa propre humanité devant ce qu'il ressent pour ce peuple qui n'est pas le sien à la base. Chez Zack Snyder, Clark devient un ado en révolte mais quand même soumis à l'autorité parentale au point d'accepter de ne rien faire pour sauver Jonathan, alors qu'il aurait largement pu. C'est une optique tellement différente que je me demande même comment on a pu imaginer un truc pareil, tant ça ne fait, au final, rien comprendre à Clark, selon moi, sinon que l'entêtement peut mener à la connerie pure. Et c'est franchement dommage.

Le deuxième point négatif, c'est l'analogie christique. Alors, oui, d'accord, Superman a toujours été un héros quasi parfait, élu, guidant le peuple, bla bla bla. Mais devait-on vraiment marteler l'analogie à ce point ? D'abord, on y revient, tous les aphorismes de Jonathan pas loin des enseignements bibliques. Ensuite, le fait que Clark soit âgé, d'après ce qu'il dit, de 33 ans durant les évènements du film hors flashbacks (juste au cas où, c'est l'âge auquel Jésus est mort sur la croix, hein), un beau plan où il apparaît en pleine lumière, les bras écartés, en croix, la promesse à de grandes choses, le porteur d'espoir... Oui, bon, on aura compris, c'est martelé, encore, et encore, et encore. Ce qui peut vite devenir saoulant tant c'est peu subtil.

Enfin, le dernier gros point négatif est la bataille finale. Elle est longue, mais longue... Sérieux, c'était possible de faire encore plus long ? Elle aurait pu être tronquée sur pas mal de scènes, mais j'imagine que Snyder s'est dit "Bon, il est bien sympa, mon film, mais quand on dit comics, on veut action. Et si j'appelais Michael Bay, tiens, histoire qu'il m'aide un peu à tout faire sauter de Smallville à Metropolis dans un déluge d'effets et de bastons souvent à la limite du lisible ?". Alors, oui, on attendait cette bataille finale, on attendait de l'action pour la mener, mais là, c'était un peu trop quand même.

Passons sur la romance rapide avec Lois Lane, les soldats au QI d'huître (notamment Christopher Meloni et ses tentatives de tuer Feora...), les sauvetages in extremis, ça fait tellement partie du cahier des charges qu'on ne s'en offusque plus et qu'on est même presque déçu si c'est pas là.
Quant à la copie de Jor-El qui prend le rôle de fantôme/âme et est un vrai Deus ex Machina à chaque apparition, bah...

Mais donc, comme l'indique ma note, le film est loin d'être à jeter. Il y a du rythme, les acteurs sont pas mal, les origines de Superman sont pas mal écrites, on s'ennuie pas vraiment malgré la durée et l'absence d'action. On rajoutera aussi que Zod qui *SPOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOIL, même si tout le monde a dû le voir, à présent* force Superman à le tuer, ça, c'était vraiment une bonne idée, le genre qui allait renforcer le personnage dans ses principes et le faire éventuellement douter, sans oublier que ça en fait définitivement le dernier des Kryptoniens *fin du SPOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOIL*.

La vision de Krypton par Snyder est également vraiment sympathique, de même que les tenues kryptoniennes. L'absence de Kryptonite, et donc de facilité, c'est également un plus (même si le coup de l'atmosphère est assez facile aussi, mais c'est toujours plus original que ressortir la Kryptonite qui, on le rappelle, n'a été introduite dans le comics qu'après le feuilleton radio qui a créé le matériau).

Bref, tout ça pour dire que, si Man of Steel n'est pas la claque de l'année en matière de super héros et souffre de quelques gros défauts, il les compense, selon moi, par une certaine efficacité, et a su ramener le personnage au cinéma avec un certain brio, à défaut de génie. Il faut maintenant que la suite confirme.
Lonewolf
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le 28 nov. 2013

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