Et bien ce qu'on se dira tout le long du film c'est que Christopher Reeve est une belle lopette face à Henry Cavill. Et il ne s'agit pas uniquement du personnage mais du film en lui-même. Sept ans après la relecture poussiéreuse de Bryan Singer, Superman se paye une nouvelle jeunesse au cinéma. Pour un des héros sans doute les plus complexes à illustrer, de par sa nature même et ses pouvoirs colossaux, il fallait bien une association aussi improbable que celle entre Zack Snyder et Christopher Nolan, deux auteurs aux univers à priori immiscibles. Mais pourtant, plutôt que de se frotter à l'oeuvre fondatrice, ils bâtissent leur propre mythologie, avec juste ce qu’il faut de respect, et redonnent à l’homme d’acier ses lettres de noblesse.


On croît d'abord s'être trompé de salle lorsque le film commence dans une planète style heroic-fantasy où les habitants se combattent à la façon Star Wars. Un prologue bien mis en scène qui permet de bien nous montrer que Snyder et Nolan ont décidé de renouveler le mythe. C'est alors plus tard, lorsqu'il devient adulte, que Superman réalise ce que son ses fonctions et pourquoi est-il arrivé sur Terre. Dans Man of Steel, il ne doute pas, il se construit et assimile ses différentes racines pour devenir le super-héros le plus puissant, un sauveur dont l’ombre christique est largement et justement appuyée. 33 ans, les bras en croix, cherchant éventuellement une réponse dans une église, le caractère religieux de Superman dans Man of Steel est très présent. Cependant, il est largement compensé par le discours darwiniste des scénaristes pour mieux bâtir leur mythe, qui n’est autre qu’une nouvelle entité, divinité pour les uns, héros pour les autres, fils, homme idéa.. Visiblement tout ce beau monde sait précisément de quoi il est question pour mieux aborder une figure sacrée. L’angle choisi fera apparaître Superman dans son nouveau costume au bout d’une heure de film environ, tandis qu’une grande partie du premier acte se concentre, comme je l'ai dis plus haut, sur les évènements de Krypton. Un déséquilibre dans la narration se fait tout de fois sentir. En effet, l’introduction met en place une forme de dichotomie interne au film, entre les velléités de produire un spectacle monstrueux, du genre bigger & louder, et de l’autre de poser des bases solides en termes d’émotion et de construction des personnages. On reprochera aussi que ces famauses émotions ne soient pas souvent assez présentes : Snyder multiplie les apparitions de Jor-El (Russel Crowe) mais Jonathant Kent (Kevin Costner) n’apparaît que très peu, ce qui est dommage, car c'est lui qui est clairement le vecteur émotionnel du film, dans une interprétation remarquable. Mais la grande force de Man of Steel, au-delà de sa compréhension de l’essence du personnage, au-delà de sa relecture intelligente du mythe, au-delà de l’interprétation remarquable et surprenante d’Henry Cavill qui s’avère être parfait pour le rôle, au-delà de la belle émotion qui découle des séquences avec Jonathan Kent ou d’une vision très juste de Loïs Lane, c’est son sens du spectacle.


En effet, Zack Snyder met la barre très très haut. Il n'y a jamais rien eu d'aussi spectaculaire au cinéma depuis bien longtemps, Avengers faisant de la peine face à ce film. Zack Snyder met en scène une véritable guerre urbaine dans laquelle s’affronte les forces armées et des êtres dotés de super-pouvoirs. Le résultat à l’écran est un maelström pyrotechnique qui semble ne jamais vouloir s’arrêter, repoussant toujours les limites en terme de destruction massive. C’est très fort, comme la musique d’Hans Zimmer. Au final, Man of Steel est un film tout de fois réussi, qui parviendra à satisfaire le public, grâce à son casting - no'ubloins pas Michael Shannon, excellent en super ennemi de notre héros - son incroyable spectacle et ses effets spéciaux monstrueux. A cela s'ajoute tout de même comme un sentiment de manque de quelque chose. le film gagnerait à réintégrer des séquences visiblement laissées sur le banc de montage. Mais ça reste vraiment un bon film de supers-héros.

Guimzee
7
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le 29 mars 2015

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Guimzee

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