Série B un peu à la déReeves

Ah, Keanu Reeves... Décidément, cet homme n'est jamais là où on l'attend. Lui, la superstar du box-office sur un temps assez court, le voici de retour comme réalisateur pour une production... chinoise (en partie), avec en toile de fond... le Tai-chi, célèbre art martial originaire de ce même pays. Après ce que je viens d'écrire, ne vous attendez à aucun miracle : non, le film n'est clairement pas bon. J'ai même trouvé ça assez dingue qu'en 2013, un titre « ambitieux » comme celui-ci s'offre le luxe d'être aussi basique, manichéen, passant finalement à côté de son sujet dans les grandes largeurs pour se consacrer en grande partie aux scènes d'action et donc aux combats, heureusement assez dynamiques et correctement chorégraphiés (hormis peut-être l'affrontement final, assez décevant).

On sent une légère volonté de rendre ambigu le héros, mais ça ne va pas bien loin, la subtilité n'étant décidément pas de mise, malgré une dimension légèrement cruelle (notamment sur la fin) qui aurait gagné à être (nettement) plus exploitée. Pourtant, c'est presque ce côté premier degré qui sauve le film : cela en devient presque drôle (malgré l'absence quasi-totale d'humour!), d'autant que l'on ne s'ennuie finalement pas trop, sorte de nanar ne cherchant même pas à faire semblant d'être intelligent, s'assumant tel quel.

Enfin, il a beau être un acteur limité, Reeves gagnerait sans doute à diversifier ses rôles car ici, en grand méchant de service assez pervers sur les bords, il fait franchement le job, malgré son « légendaire » manque d'expressivité. Bref, n'attendez vraiment pas grand-chose de cet étrange projet signé par un acteur-réalisateur qui l'est tout autant : disons que si vous cherchez un défouloir vaguement divertissant, celui-ci fera l'affaire. Si vos exigences sont ne serait-ce qu'un peu plus élevées, passez votre chemin sans regret.