En France, peu de gens connaissent Andy Kaufman, bête de la scène comique des seventies puis du Saturday Night Live dont il était devenu la caricature vivante au travers de ses improvisations quasi schizophrènes. Car Kaufman était avant tout un formidable acteur, capable d'incarner de nombreux personnages tous plus fous les uns que les autres ; de passer des uns aux autres dans la seconde, sans jamais que son public ne sache à quel comique se vouer. De quoi le déstabiliser pour mieux le surprendre (ou le choquer) à son insu...
Mais Kaufman est mort trop tôt. Disparu en 1984 à l'âge de 35 ans (même si pour certains sa mort était un canular de plus de la part d'un extraordinaire affabulateur) avant de pouvoir s'attaquer au politiquement correct des années 90. Il s'en serait donné à cœur joie à n'en pas douter. Danny De Vito, sans doute pour palier cette carence, et étant un grand fan du bonhomme depuis qu'il l'avait rencontré sur le tournage de la sitcom Taxi à ses débuts, décida d'en produire la biographie. Et Miloš Forman, en bon provocateur qu'il est, lui emboita le pas en 1999.
On retrouve dans Man on the Moon quelques uns de ses thèmes de prédilection, déjà développés (voire dénoncés) en 1996 dans son Larry Flynt, à commencer par un certain voyeurisme de la société américaine. Et une certaine hypocrisie. Mais une fois encore, Forman se garde bien de porter un jugement sur celui qui sert de vecteur à toutes ces critiques. Il préfère montrer Kaufman tel qu'il était, dans la vie comme sur la scène (ce qui revient à la même chose), sans pour autant tenter une seule fois d'éclairer un peu le mystère de cet homme inclassable à la limite du fou génial. C'est simplement dans ses contradictions que l'on peut apercevoir quelques éléments de réponse.
Troublant, touchant mais toujours dans le ton, Jim Carrey incarne totalement son personnage d'allumé sympathique (les deux hommes ayant d'ailleurs pour point commun d'être nés un 17 janvier) ; son interprétation étant absolument surréaliste. Plus qu'un simple biopic, Man on the Moon est un film intelligent, drôle, et pervers.