Je me tords le neurone depuis un moment pour savoir quel angle je vais bien pouvoir adopter pour parler de ce film. C'est peut-être ça, qui est intéressant : la difficulté à savoir pourquoi on nous a raconté cette histoire. On voit bien que Jim Carrey se régale à rentrer dans ce personnage lunaire et décalé, moins grimaçant que certains autres à qui il a prêté sa grande carrure élastique, et l'histoire se laisse suivre sans déplaisir. Mais pourquoi nous faire tout un film de la vie de ce type étrange, qui a préféré déranger plutôt que d'être drôle ? La mystification, voilà son fonds de commerce, ce qui l'amuse beaucoup et ce qui a tenu un certain public en haleine. J'imagine que ces gens ont dû se demander jusqu'où il pouvait aller ? Jusqu'à lire tout un livre de Fitzgerald au lieu de leur proposer un véritable spectacle ? Jusqu'à feindre d'être un pauvre macho au rabais ou de mépriser les gens du Sud des États-Unis ? Tu parles d'une posture comique. Évidemment, aux USA, il s'est trouvé des gens pour miser sur la rentabilité de sa tactique. C'est d'un certain intérêt également. Limité et éculé, à mon sens. Reste l'épisode sur les guérisseurs philippins, le seul moment où j'ai soulevé ma deuxième paupière, qui débouche sur un fou-rire d'une ironie cruelle qui n'a pas manqué de me plaire. Sinon...