Lorsqu'il met en scène la vie d'Andy Kaufman, Miloš Forman va surtout s'intéresser à l'homme qui se cache derrière cet artiste atypique, la folie, l'aspect morbide, les doutes ou l'arrière de la scène, ce qui rapproche Man on the Moon du remarquable Lenny de Bob Fosse, sorti 25 ans plus tôt.


C'est un portrait sincère et touchant qu'il dresse de cet homme, faisant avant tout preuve d'humanisme pour le caractériser. Dès les premières séquences, il le rend sympathique et attachant, que ce soit lors des séquences enfants, où déjà on constate une cassure entre Kaufman et le monde l'entourant, ou ses premiers pas sur scène, où c'est face à la menace d'être exclu de la scène qu'il parviendra à enchanter le public. Jusqu'au bout, Forman va accentuer cette différence entre l'artiste et le monde auquel il va être confronté, les visions qui divergent, la façon de faire aussi et surtout l'intégrité qu'il ne vendra jamais.


Brisant le quatrième mur dès le début, Forman décide de détourner les codes du biopic conventionnel, du moins dans le fond et le portrait qu'il tisse, là où formellement il suit une ligne plus classique. Il conserve voire épaissit le mystère autour de Kaufman et reste flou sur la frontière entre la réalité et l'imagination. Il s'adapte à ce personnage et lui rend merveilleusement hommage, lui-même jouant de l'imposture et la création de personnage. Il parvient aussi à créer de véritables personnages autour de Kaufman, que ce soit ceux qui vont être complice de sa créativité ou l'intriguant producteur qui va croire en lui pour la première fois, on ressent sa tendresse pour l'artiste mais aussi son envie de le calmer.


La force de Man on the Moon se trouve principalement dans l'émotion que l'on y trouve. C'est attachant, l’humour est absurde, il y a un côté surréaliste et une excentricité touchante, c'est parfois même déstabilisant, un peu triste aussi mais ça ne laisse jamais indifférent. Si tous les comédiens sont remarquables, Jim Carrey s'impose et domine l'écran, parvenant à mettre des émotions, des intonations ou un visage sur la personnalité de Kaufman, il est habité et son alchimie avec Danny DeVito et Paul Giamatti est parfaite.


En mettant en scène Man on the Moon, Miloš Forman sublime un Jim Carrey habité et dresse un portrait avant tout humain d'un artiste atypique, s'éloignant des codes du genre pour mieux créer tout un panel d'émotions, une bulle autour de ce personnage ainsi qu'une vision contrastée du monde du show.


(merci à El Grande OG)

Docteur_Jivago
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Mes Années 1990 au cinéma, Deuil, Histoire Vraie, Carnet de bord 2020 et El Grande OG fait son cinéma

Créée

le 14 sept. 2020

Critique lue 826 fois

36 j'aime

4 commentaires

Docteur_Jivago

Écrit par

Critique lue 826 fois

36
4

D'autres avis sur Man on the Moon

Man on the Moon
OrangeApple
9

Le clown de la Maya

Tout biopic devrait donner l’envie de connaître, mais vraiment connaître le biopiqué, et l’impression concomitante de l’avoir toujours connu et aimé. Hélas, les biopiqueurs, peut-être transis devant...

le 25 avr. 2018

48 j'aime

19

Man on the Moon
Docteur_Jivago
8

Que le Spectacle Commence

Lorsqu'il met en scène la vie d'Andy Kaufman, Miloš Forman va surtout s'intéresser à l'homme qui se cache derrière cet artiste atypique, la folie, l'aspect morbide, les doutes ou l'arrière de la...

le 14 sept. 2020

36 j'aime

4

Man on the Moon
cityhunternicky
5

Entre intérêt et ennui, le film est porté à bout de bras par Jim Carrey.

Si ce biopic semble très fidèle à l'histoire du comédien dont il est la représentation, ce n'est pas pour cela que ça rend le sujet intéressant... J'ai eu assez de mal à adhérer à l'humour du film,...

le 27 déc. 2011

31 j'aime

Du même critique

Gone Girl
Docteur_Jivago
8

American Beauty

D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble accuser Nick, il va tout faire pour...

le 10 oct. 2014

170 j'aime

32

2001 : L'Odyssée de l'espace
Docteur_Jivago
5

Il était une fois l’espace

Tout juste auréolé du succès de Docteur Folamour, Stanley Kubrick se lance dans un projet de science-fiction assez démesuré et très ambitieux, où il fait appel à Arthur C. Clarke qui a écrit la...

le 25 oct. 2014

155 j'aime

43

American Sniper
Docteur_Jivago
8

La mort dans la peau

En mettant en scène la vie de Chris The Legend Kyle, héros en son pays, Clint Eastwood surprend et dresse, par le prisme de celui-ci, le portrait d'un pays entaché par une Guerre...

le 19 févr. 2015

151 j'aime

34