Depuis Tree of Life probablement, l'influence de Terrence Malick sur le cinéma est un peu éblouissante. Voix-off, paysages superbement illuminés, vêtements qui vollent au vent. Le biopic s'ouvre sous cette forme propre à un réalisateur atypique. Il en résulte un début flottant. C'est un peu surfait, emprunté mais pas déplaisant quand la narration se fait par l'image. Le temps de quelques secondes ont peut se retrouver plongé dans un voyage au cœur du continent.
Les débuts de la vie de Madiba en tant qu'homme engagé sont racontés de façon claire et concise. Ce parcours hors norme est évidemment captivant et l'adaptation réussie dés le début du film à prendre en compte ce potentiel. Oui le chemin vers la fin du film peu paraître long, mais c'est d'avantage le combat du peuple sud-africain qui fût interminable. Une telle page de l'histoire ne peut se contenir dans un film de moins de 2h. Si elle n'est malheureusement pas toujours impartiale et objective, la retranscription à l'écran semble très honnête avec le passé. Sûrement pas aussi fiable et mémorable qu'un témoignage réel cette fiction à tout de même le mérite d'éclairer les moins érudits sur le sujet l'Apartheid et son opposant le plus célèbre. Méconnue au delà de son nom et de son statut d'épouse, Winnie Mandela occupe une grande place dans cette biographie. Ses différences avec son mari sont flagrantes et le récit construit habilement la division du couple et de leur idéaux. En passant par une complicité et une connivence aussi impressionnante que touchante, leur séparation (dans l'amour et dans les convictions) frappe de tristesse.
C'est la deuxième fois (notable) que le combat de Mandela est porté au cinéma. Goodbye Bafana se contentait de raconter «seulement» 27 ans de la vie du premier président noir d'Afrique du Sud. Choix regrettable que de ne pas raconter l'avant et l'après de son emprisonnement. Cette période de sa vie est certes essentiel au récit mais ne se suffit pas à tout raconter. Et focaliser l'intrigue sur son geôlier chargé de la censure était l'erreur la plus déplorable. Bille August n'a donc livré qu'un film chargé de provoquer de la compassion pour un soit-disant protagoniste de la lutte anti-apartheid. Dans la technique aussi ce nouveau biopic est infiniment supérieur à celui de 2007. Photographie bien plus convaincante, rythme plus soutenu et casting bien meilleur. A travers tout les âges, Idris Elba est saisissant en Tata, en tout cas bien plus que Dennis Haysbert. Le travail sur la ressemblance est réussi tout du long, excepté sur la morphologie une fois plus âgé.
Citoyen, fils, père, figure révolutionnaire, porte parole du peuple, président, tout les figures de la légende Mandela sont dans ce récit. Une ode à un géant qui finie par être idyllique. Si son tempérament très dur de réputation est pas totalement épargné, le scénario ne laisse aucune place à la réserve sur les tournures qu'ont pu prendre le combat. Si au début de la révolte on voit bien Mandela prendre les armes, la justification de sa nécessité est martelée. La violence dont sa femme a fait preuve en revanche est comme dénoncée dans le récit et franchement plus surlignée. L'ex mari devient même un modèle de lutte pacifique, presque moralisateur. Le penchant terroriste plus étiqueté sur le cas de Winnie que sur la jeunesse de Madiba, pourquoi ? Un manque de recul qui atteint des sommets sur l'épilogue décrivant un combat solitaire contre tous. C'est seul contre le régime de ségrégation raciale, contre des partenaires de lutte opposés à toutes négociations, contre une femme couteaux aux dents que Nelson Mandela aurait construit une nation pleine d'amour et vidée de toute haine. C'est une légende oui, un des plus grands hommes de son temps pour sûr, mais tout méssie a ses limites. Une réplique répétée le dit très bien dans ce film; Seul, on ne peut rien faire, c’est ensemble que nous ferons bouger les choses. Poor Lonesome Hero Boy...
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le 20 déc. 2013

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Adam Kesher

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