Quelque chose cloche dans ce film. Pourtant Idris Elba incarne parfaitement Mandela. Pourtant le film suit scrupuleusement (ou presque) l'autobiographie de Mandela. Alors pourquoi ne partage-t-on pas l'état de grace de Mandela enfin libéré après vingt-sept ans d'emprisonnement ? Pourquoi ne se sent-on pas ému par son apothéose en premier président noir d'Afrique du Sud ?
La faute sans doute à une réalisation qui, à vouloir embrasser la totalité de la vie de Mandela jusqu'à son accession au pouvoir, finit par nous proposer une sorte de résumé en accélèré de la jeunesse de l'homme d'Etat, au détriment aussi bien de l'émotion et de la dimension humaine du personnage que de la peinture de l'Apartheid, insuffisamment mise en scène. L'utilisation d'images d'archives pour évoquer les diverses répressions à l'égard des Noirs et les manifestations en faveur de la libération de Mandela tirent parfois le film du côté du documentaire, rapprochant ce biopic d'un docu-fiction, au point que l'on se peut se demander si finalement Justin Chadwick n'aurait pas fait un meilleur film en optant pour le docu-fiction au lieu de choisir le format du biopic avec lequel il ne semble pas très à l'aise. On se plait parfois à imaginer ce qu'aurait donné "Mandela : Long Walk to Freedom" s'il avait bénéficié du génie du Spielberg de "Lincoln" ou du Clint Eastwood d'"Invictus". Reste la prestation d'Idris Elba et un bel hommage à Madiba, malgré une réalisation trop impersonnelle.