Mandela et Winnie, version Disney.
Comment raconter la vie de Nelson Mandela en 2h26 ? La réponse est simple, c'est absolument impossible! A moins de confier la réalisation à Peter Jackson qui en aurait fait une trilogie, le projet avait tout pour aller droit dans le mur. Ce n'est pas le cas, il se contente de se prendre une murette.
Le film est une adaptation de la biographie de Nelson Mandela, qui a cautionné le film. Deux films récents, ont vu Dennis Haysbert dans "Goobye Bafana" en 2007, qui évoque sa relation avec son geôlier blanc; ce qui sera montré dans ce biopic; puis "Invictus" en 2009 avec les traits d'un Morgan Freeman convaincant, Mandela étant déjà élu président, cela parle surtout de la coupe du monde de rugby en Afrique du Sud, comme le symbole du début de l'unité des noirs et des blancs, c'est léger, naïf et largement oubliable.
Cette fois-ci, on nous raconte pratiquement toute sa vie, ce qui oblige à des raccourcis, rendant le film peu instructif, se focalisant sur l'homme, et non sur l'histoire. Cela n'est pas un reproche mais l'histoire est quand même plus importante que l'homme, même s'il en est le principal auteur.
Nelson Mandela est un homme à femmes, il est avocat, boxeur et militant pacifiste pour l'ANC, tout en étant marié et père de famille, mais tout cela ne va pas faire long feu. Il se remarie avec Winnie, avec laquelle il aura 2 filles, puis va basculer dans la violence, devenant un terroriste aux yeux des afrikaners et du monde, ce qui le mènera en prison, avant d'en ressortir et de devenir président de l'Afrique du Sud, sacré destin.
L'atout principal du film, c'est Idris Elba, dont le talent n'est plus à démontré à la télévision avec "The Wire" puis "Luther", mais qui n'était pas encore bien exploité au cinéma. C'est chose faite, il tient le film sur ses larges épaules, faisant étalage de toute sa palette dramaturgique. Mais le reste n'est pas à la hauteur, même si Naomie Harris s'en sort bien en Winnie Mandela, le reste du casting n'a que quelques miettes pour pouvoir s'exprimer, d'ou l'absence d'acteurs connus ou reconnus.
Le temps imparti impose cela, ce qui est dommage car cela influe aussi sur l'histoire. C'est plus proche d'un Disney, que d'un documentaire. Alors oui, on a des moments larmoyants, ou on s'indigne en s'enfilant du pop-corn, mais les événements semblent mineurs, cela se regarde sans être trop basculé, c'est assez aseptisé, je m'attends à tout moment, voir Casimir nous dire "que le racisme c'est pas bien, soyons tous frères au lieu de se faire du mal, en commençant par se faire des câlins", émouvant.
Le cinéma ne rend toujours pas honneur à Nelson Mandela, mais est-ce possible ? "Malcom X" de Spike Lee y était parvenu, "Cry Freedom" de Richard Attenborough aussi, "Ali" de Michael Mann presque, etc... Mais on a toujours pas de biopic sur Martin Luther King, à croire que les personnages pacifistes, ou presque; n'ont pas leurs places à l'écran, ou alors le fait d'avoir un réalisateur mineur Justin Chadwick; peut-être un futur grand, qui sait?; ne plaide pas en la faveur du film.
"Un long chemin vers la liberté" à l'air plutôt facile, Winnie Mandela semble avoir plus souffert que son mari, de même que ses filles, dont la visite de l’aînée à son père emprisonné, est la scène la plus forte du film, alors qu'il y en a d'autres mais elles manquent de puissance émotionnelle, la platitude de la réalisation et des acteurs, plombant les faits.
Je ne retiendrais que la performance d'idris Elba, en espérant qu'il aura à nouveau le haut de l'affiche, dans un rôle original. J'attendais plus de ce film mais après "Le majordome", les sujets délicats semblent traités en douceur, à moins que "12 years a slave" de Steve McQueen, renverse la tendance, réponse le 12 janvier 2014.