Avant il coupait des arbres. C’était avant…
Vendu comme un revenge-movie emprunt de folie et de fun, Mandy se veut bien plus que cela. Nicolas Cage sort de la vaste contrée du DTV classique pour s’engouffrer dans un objet cinématographique curieux. Du pur film expérimental à la fois séduisant et déroutant où tout n'est pas parfait mais tellement truffé de bonnes idées qu’il est impossible de l’ignorer.
A ma mort, enterrez-moi profondément, Placez deux enceintes à mes
pieds, Enroulez un casque autour de ma tête, Et dansez le rôle avec
moi quand je mourrai.
Ce sont sur ses mots poétiquement glauques écrits en lettres ensanglantées et à la typographie rappelant les films de la Hammer que début notre histoire. Sentez venir le film 100% foldingue accompagné d’Heavy Metal. Mandy est constitué de 3 chapitres divisés en 2 parties.
Nicolas Cage a un cheveu (sans mauvais jeu de mots) de tomber dans une profonde dépression tient uniquement grâce à l’amour que lui porte sa femme Mandy. Mandy, son teint de peau et ses traits Tim Burtonesque, fan de Black Sabbath et traumatisée durant son enfance va attirer le regard de Jeremiah Sand, un capricieux leader d’une secte de psychopathes non diagnostiqués (et internés ?) accompagnés de bikers à mon humble avis, fans des Cénobites d’Hellraiser. Jeremiah et son phrasé médiéval n’aime pas les amoureux torturés. Il a fallut qu’il jette son dévolu sur Nicolas et sa femme.
Douleurs physiques, douleur mentale, attaché avec des barbelés en slip, chaussettes de tennis et tee-shirt à manches longues avec un tigre en motif, je peux vous dire que votre égo en prend un coup. Cage il est en colère. TRES en colère. Ravitaillé en armes par son pote Bill Duke, Cage, armé d’une arbalète et d’une hache faite maison, inspirée des grands de l’Heroic Fantasy, part en chasse et cette année, c’est la saison des fanatiques effectuant des crimes rituels.
-Ce que tu veux chasser ce sont des animaux enragés. Et je préfère que tu y ailles en sachant que tu as peu de chances de réussir et que tu
vas surement y rester.
-Ne sois pas si négatif.
La « folie de Cage » a encore frappée
Mandy aime jouer avec nos sens et nos attentes. Tout un tas de genres cohabitent en lui. Enrobé d'une atmosphère très eighties, ce film nous plonge dans une fascinante descente aux enfers. Tragédie, horreur, violence démesurée, torture, revenge movie, fantastique, le tout sous un esthétisme contemplatif et hypnotique où chaque plan symbolique d'une beauté surnaturelle marquera à vie votre rétine. La première heure, emprunte de mélancolie, d'amour et de folie incompréhensible si vous n’avez pas pris d’LSD avant le visionnage se tend vers la lenteur.
Il vous faudra tenir car viendra ensuite trois derniers quart d'heure défoulant voyant Nicolas Cage remonté à bloc, habité par l'essence d'un Action Hero des eighties confronté à tout un tas d'ennemis tous droit sortis d'un jeu vidéo de chez Capcom.
La folie d’un Mad Max, la poésie esthétique malsaine d’un Midsommar, le jeu de couleurs d’Only God Forgives, la brutalité d’un Rambo, du heavy metal, de la musique à vous faire couler une larme, Mandy change plusieurs fois de lieux, varie son style, sa mise en scène, sa musique, et nous invite à suivre l’évolution de son personnage principal en second plan en début de film. Les trois derniers quarts d’heure valent à eux seul la raison de voir ce film. Red cherche et affronte un à un les responsables de sa douleur. A ce moment là, la diversité de la mise en scène des ennemis et des confrontations donnent la sensation de plonger dans un jeu vidéo du calibre d’un Last Of Us. Mandy a été réalisé par un passionné de cinéma et d’art.
Nous l’avons vu récemment chez John Wick ou Rambo The last blood : ôtez l’amour à un homme luttant continuellement contre sa part sombre et vous pouvez être sûr que cette dernière laissera libre court à sa colère.
Quoiqu’il puisse arriver à son personnage, Nic ne surjoue pas une seule seconde, même quand nous sommes face à ses explosions de rage lors de scènes d’action plus nerveuses qu’on l’espérait. Quand il nous sort une punchlines à la Chuck Norris, on se dit que ça continuera. Ce n’est pas le cas. Mandy arrive à se contrôler alors qu’il combine étrangeté, sérieux et drôlerie. Le pire c’est que tout arrive à se marier. Quelque soit les choix scénaristique, esthétique ou atmosphérique, rien ne semble incohérent. Pour finir, l’histoire d’amour entre Red et Mandy se veut déconstruite de sorte à ce que ce soit à la toute fin que ce couple maudit gagner votre cœur.
C’est toute cette haine de ton cœur qui est la responsable. Elle te
poursuit partout où tu vas mon ami.
Au final, je ne peux que vous encourager à voir Mandy, obscurité cosmique à la fois hypnotique, déstabilisante et défoulante où Nicolas Cage a enfin trouvé un réalisateur capable de lui tailler un rôle à hauteur de son talent d’acteur. Qu’importe si des films si réussis de cet acteur se feront rares, j’ai apprécié celui-ci.