Un chef d'oeuvre... Manké ©

Mank, c'est le film de Fincher qu'on attendait plus, comme si, lui aussi, à la manière de l'héroïne de son précédent long-métrage, avait voulu disparaître. Disparaître certes, mais seulement des salles obscures puisqu'ayant rejoint l'ogre Netflix il nous a offert - sans doute - la meilleure série originale du catalogue avec Mindhunter, manière de rejeton de Zodiac. Zodiac et Mindhunter, deux chefs-d'œuvre pour lesquels son style froid et clinique s'acclimate parfaitement au sujet.

Mank me fait l'impression d'un film se complaisant dans un certain formalisme : le noir et blanc, le jeu des acteurs, les encarts de titre censé nous repérer dans le temps et l'espace. Mais où est la passion ? où est le grain de folie ?

Dans ce biopic retraçant les déboires d'un scénariste désabusé dans l'Hollywood des années 30-40, on aurait souhaité voir plus de chaleur, d'explosivité. La création du "meilleur film de l'histoire du cinéma" a certainement dû être traversée de bon nombres d'épreuves. De ce fait, les longueurs de Mank semble vides, contrairement à celles de Mindhuntter qui font grimper la tension. Je ressens comme une espèce de détachement émotionnel à observer de loin cet hédoniste cynique qui refuse d'embrasser la main qui le nourrit. Pourtant le scénario et bien pensé et efficace. Mais c'est un mécanisme trop bien huilé dont je contemple les rouages sans être embarqué.

Je ne peux pas dire m'être ennuyé; j'ai trouvé le sujet instructif et bien exécuté... comme une copie scolaire. Dans la recréation d'un Hollywood révolu, Tarantino aura bien mieux réussi à insuffler de la vie à ses personnages dans ce lieu de rêve qui vire bien souvent au cauchemar.