dé-boire et écrire

Fincher propose son probablement plus mauvais film. Dit ainsi, on pourrait croire à la purge, et pourtant Mank reste bien au-dessus de la mêlée cinématographique.
Par son esthétisme volontairement rétro et respectueuse du cinéma de l'âge d'or hollywoodien tout en y apportant son perfectionnisme classieux de chacun plan. Jusqu'à reprendre les codes et constructions du glorieux métrage dont il narre le processus créatif.
Par son interprétation irréprochable, Oldman en tête bien sur, qui en dit sur la direction d'acteur du réalisateur et le talent qu'il peut tirer de chacun.
Et par sa dimension personnelle, scénario de papa oblige, qui en dit probablement plus long sur Fincher que toute sa filmo et interviews réunies sur ses obsessions de travail, ses motivations dans le cinéma et son rapport paradoxal à cette univers et ses financeurs où l'on est toujours sur la corde raide et sous le coup de la pression du pouvoir. C'est bien là où Mank se montre le plus impressionnant et habile.
Cependant, à trop s'investir et se raconter, David oublie son spectateur. Quand the social network, dont il partage beaucoup de traits, pensait toujours à son auditoire malgré le flot et le débit d'informations projetées, Mank en dispense tout autant mais oublie des clés essentielles de compréhension pour quiconque ne s'est pas documenté sur Citizen Kane avant et manque sa dimension ludique.