Avant Maps to the Stars, j'avais seulement vu A Dangerous Method de Cronenberg. Pas de Cosmopolis, ni La Mouche ni Videodrome pour taper dans les plus anciens. Je me souviens avoir apprécié A Dangerous Method (sans être totalement emballée non plus) mais ici je suis beaucoup plus partagée. Les acteurs sont très bons, surtout Julianne Moore qui interprète ici un de ses plus beaux rôles. Elle relève avec brio le défi d'incarner Havana Segrant, une actrice hollywoodienne has been rongée par l'ombre que lui a fait sa mère. Elle chante la mort d'un enfant, elle pète, elle est la personnification de l'hypocrisie, etc ... Moore n'hésite pas à secouer son image d'actrice américaine bien implantée et reconnue dans le milieu. Beaucoup d'actrices de son envergure auraient sans doute refusé de telles scènes, mais elle n'en a que faire et c'est tout à son honneur. Son prix d'interprétation féminine à Cannes est amplement mérité.
Ensuite, l'ambition qu'a Cronenberg de dénoncer le monde des stars à L.A. (et même l'humanité dans son ensemble) est également réussie. Mais ce qui me pose problème, c'est le moyen employé pour atteindre ce but. Cronenberg dénonce en montrant tous les travers de ce milieu de manière ultra excessive. En ce sens, on pourrait rapprocher ce film du Loup de Wall Street par exemple. Inceste à outrance, violence à outrance, outils psychanalytiques tordus, etc, etc ... Trop c'est trop, et tout ça pour un scénario difficilement saisissable. On se demande vraiment pourquoi certains événements se produisent. Certains éléments sont trop arrangés, évidents, ou présents uniquement par opportunisme (l'arrivée du chien pile poil au moment où Benjie tire avec le pistolet chargé).
Je suis de plus en plus dérangée par ces films qui veulent (pseudo) dénoncer des faits en les représentant de la manière la plus malsaine et excessive qui soit. J'ai plutôt l'impression que la dénonciation est juste un prétexte qui permet au réalisateur de mettre en scène toutes ses pensées intimes les plus perverses, glauques et inavouables. Comme si faire un film était un moyen pour eux de sublimer leurs pulsions, pour reprendre un terme freudien (psychanalyse très présente dans le film d'ailleurs).
Enimsayy
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le 28 mai 2014

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