David Cronenberg est un cinéaste passionnant qui à marquer le cinéma par ses films avant-gardistes et intelligent mais depuis quelques temps il semble opérer une réorientation de sa filmographie, il s'adapte et évolue marquant clairement deux phases dans sa carrière. Durant une majeure partie de sa carrière il a eu cette fascination pour la dégénérescence des corps ainsi que le difformité et les malformations physiques qu'il a magnifiquement exploité dans des films de science fiction, fantastique et même poussant jusqu'au thriller érotique avec le troublant Crash. Pour autant il s'intéressait toujours autant à la psychologie et aux limites de l'esprit qui pousse parfois à la folie. Et après son visionnaire eXistenZ, il opéra un changement pour faire passer la folie et la dégénérescence de l'esprit avant celle des corps et s'orienta vers un cinéma plus psychotique et névrosé parfois de façon très réussi ( Spider ) parfois moins ( A Dangerous Method ). Il a donc persévérer dans cette voie jusqu'en 2012 ou il se plongea dans le métaphysique avec l'inspiré mais maladroit Cosmopolis qui permettait en plus de révélé Robert Pattinson comme un acteur solide et intéressant. Aujourd'hui avec Maps to the Stars il continue ce qu'il a entrepris avec Cosmopolis comme si les deux films formait un diptyque ( à la manière que le très bon A History of Violence et l'excellent Eastern Promises en formait un ). Pour être clair ce dernier film est plus abouti que Cosmopolis grâce à une intrigue mieux mené et plus pertinente mais à force de vouloir créer différents niveaux de lectures, des doubles sens, le scénario digresse et ce vide de sa substance à tel point qu'a un certain moment on se dit tout ça pour ça car il a tendance en faire trop pour dire peu. Pourtant la satire hollywoodienne est excellente et permet au film de livré ses meilleurs scènes grâce à un sens de la caricature et de l'ironie poussé à l’extrême qui se montre jubilatoire surtout que l'ensemble est soutenu par d'excellent dialogues. Mais c'est lorsqu'il se concentre sur son personnage central que le film devient moi intéressant pour ne pas dire chiant car au final on se contrefous de cette histoire familiale qui ne sait pas ou elle va et qui parfois ne semble être là que pour créer du choc et du drama. D'ailleurs c'est ce qu'on peut reprocher au film, c'est que parfois il crée le choc pour le choc ( Julianne Moore était vraiment obliger de ce faire sodomiser à l'arrière d'une limousine ? était elle obliger d'avoir une scène ou elle est sur les toilettes pour parler constipation ? La mère était elle obligé de s'immoler à la fin ? ). Néanmoins lorsqu'il explore la perfidie et l'incestuosité du milieu hollywoodien le choc est plus justifié et bien mieux employé mais malheureusement il n'exploitera jamais pleinement cela. Par contre les personnages sont tous très bien écrit, on a vraiment affaire à un festival de monstres au complexe œdipien hanté par leurs démons du passé ce qui permettra d'avoir quelques bons moments onirique. Malgré tout la vraie bonne idée du film est l'utilisation répété du poème d'Eluard "Liberté" qui donne une toute autre dimension au film rendant l'ensemble symbolique et qui est plus que pertinent dans un système qui broie les gens, les pousse à la haine et à la folie, il interpelle comme un cri de révolution et pousse les personnages à la transcendance ( surpasser ses parents incestueux pour le cas d'Agatha et surpasser sa mère en l'incarnant pour Havana ). C'est donc un propos très noir que nous offre le film mais parfois il se perdra dans ses métaphores et il pourra paraître vide de sens ce qui l'handicap grandement ( comme l'histoire des parents d'Agatha qui n'a pas grand intérêt ). Mais le vraie problème du scénario est d’être en retard sur son temps car les rouages d'Hollywood son connus de tous, la satire est parfois déjà vu et on ne sera jamais surpris par ou le film nous emmène surtout que dans le genre on à vu mieux et plus intelligent avec le culte Mulholland Drive. Pour le casting les acteurs sont tous très bon mais la seul performance qui marquera les esprits c'est celle de Julianne Moore qui est tous bonnement prodigieuse et qui livre une des ses meilleurs performances. Notons aussi que le jeune Evan Bird fait sensation et ce montre comme un acteur talentueux à suivre de près et que Robert Pattinson est décidément très bon hors de Twilight, il se crée une bonne réputation et même si ici il n'est que peu présent j'attend avec impatience de pouvoir juger de sa performance dans le très prometteur The Rover. Pour ce qui est de la réalisation, la photographie est léché mais il est dommage que Cronenberg ait laissé passer un effet visuel aussi hideux à la fin ( la femme en feu ) alors qu'il était dans les années 90 à la pointe de ce genre d'effets surtout quand on voit son travail sur Scanners et The Fly qui surpasse de loin ce qui est produit ici. Tandis que sa mise en scène est plate alors qu'il aurait du y mettre de la fantaisie pour transcender son scénario mais malheureusement il n'en faire rien, il se contente de filmer le tout avec froideur et détachement même si il y à quand même une grande maîtrise sur l'ensemble. En conclusion Maps to the Stars est une preuve de plus que le David Cronenberg que l'on a connu n'est plus, il a le mérite d'essayer quelque chose de nouveau ses derniers années mais malheureusement cela a tendance à entacher la qualité de son cinéma malgré tous il n'est pas pour autant devenu un cinéaste inintéressant car on est très loin du mauvais film et que malgré quelques tares vraiment dérangeantes son Maps to the Stars est un bon film et qui, lors de ses moments forts, s'apparente même à une belle réussite.
Frédéric_Perrinot
7

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le 8 août 2014

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Flaw 70

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