Satire féroce et assez jubilatoire d’Hollywood, de ses excès et de ses névroses, Maps of the stars donne l’occasion à Cronenberg de laisser libre cours à un cynisme assez inédit mais non feint pour dégommer le mythe de l’usine à rêves. Des dialogues incisifs et une réalisation efficace à défaut d’être inventive mettent en valeur le principal atout du film, une distribution stellaire au cœur de laquelle brille une Julianne Moore exaltée, iconisant l’excentricité de son personnage de comédienne vieillissante. Elle n’hésite pas à jouer avec son image, à l’écorner radicalement et à s’exposer crûment (allant même jusqu’au scato, mouais..). Pas forcément sa prestation le plus subtile ou la plus nuancée, mais qui se prête parfaitement à l’outrance de son personnage de vieille gloire sur le déclin qu’on imagine parfaitement errer sur les collines d’Hollywood (Ceci dit, on n’aurait pas crié au scandale si Cotillard lui avait ravi le prix d’interprétation à Cannes, loin de là…). Aux côté de Moore, John Cusack opère un come back surprenant et réussi, Mia Wasikowska entretient son image de poupée de porcelaine ambigüe et malsaine déjà remarquablement éprouvée dans Stocker et même Robert Pattinson s’avère plutôt convaincant en chauffeur de limousine wanabee acteur.
Toute cette première partie dominée par une peinture peu glorieuse, déglamourisée et même repoussante du star system intrigue, amuse et est au final assez enthousiasmante.
Malheureusement, Cronenberg perd tout sens de l’humour dans une deuxième partie bien trop sérieuse. Invoquant les figures mythologiques et un surnaturel jamais vraiment assumé, il s’embourbe en tentant de démêler les nœuds qui unissent cette famille dysfonctionnelle. Les morts réapparaissent en songe on ne sait trop pourquoi et le poids de l’inceste, qui semble être le fil rouge de la tragédie qui se déroule devant nous, devient bien vite embarrassant d’un point de vue narratif. On voit bien que le réalisateur lutte pour lui donner du fond, du sens, mais échoue dans sa tentative. Sa mise en scène s’alourdit, les scènes s’étirent maladroitement et les personnages s’affadissent.
C’est d’autant plus regrettable que la première partie laissait augurer un jeu de massacre réjouissant en bon et due forme.
Pas inintéressant mais inégal donc.

Créée

le 27 nov. 2014

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