J. C. Chandor fait le pari du minimalisme, de l’épure, un choix qui fait beaucoup de bien dans le milieu des traders, souvent filmé de manière ostentatoire et baroque. On pense bien sûr au Loup de Wall Street, dont le film de Chandor est presque le contrepied total. Margin Call est une plongée intelligente et efficace sur le gouffre financier annonçant la crise de 2008, sans effets ni chichis.
Toute la décadence liée au milieu et à l’argent est suggéré, évoquée entre eux mais jamais montrée. Ce qui nous laisse plus de place pour apprécier vraiment ce qui se passe, la chute qui s’annonce, les conséquences et les mesures choisies, la prise de conscience progressive des différents protagonistes.
Le film est logique, factuel, mais ne noir pas le spectateur sous un jargon de spécialiste. A de nombreuses reprises, les différents protagoniste demandent de faire court et simple, prouvant par là-mêmes qu’ils n’ont pas plus de compréhension que nous mêmes.
Le personnage de Jeremy Irons incarne parfaitement cette élite de la finance, sans aucun scrupules, celle qui gagne et ne perd jamais d’argent, comme le dit si bien Paul Bettany. De son côté, il est l’élément didactique, qui explicite sans nous ennuyer les différentes facettes du monde dans le lequel nous vivons. Désenchanté, il admet n'avoir aucun remords car les gens veulent vivre à crédit, pourquoi alors la profession de tracer serait-elle illégale ? c’est que la population souhaiterait.
J. C. Chandor arrive avec son approche neutre, efficace et dynamique, à critiquer aussi bien le système de la finance que la société de consommation. Les acteurs jouent leur part et leur facette de ce monde avec justesse et conviction, sauf peut-être la prise de conscience un peu incongrue de Kévin Spacey, qui après 37 ans de boîte et surement d’autres crises décide sans grande conviction que c’est là trop.