On demanderait à n'importe quel réalisateur français de faire un biopic sur la vie d'un personnage historique américain, pas certain qu'il s'en sorte aussi bien que Sofia Coppola aux commandes de Marie-Antoinette.


Personnage intriguant et fascinant au possible, la monarque française a pour elle, depuis des siècles, de déchaîner les passions. Et le coup d'oeil de Coppola fille sur la question est tout aussi intriguant. En choisissant la talentueuse Kristen Dunst pour incarner (magnifiquement !) la jeune Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine (il lui aurait fallu 10 minutes pour l'écrire sur sa copie de Bac, ce blase !), elle s'est assuré une interprétation touchante et très sensible de cette jeune fille en fleur qui avait bien mieux à faire que de s'occuper de la politique de son pays d'adoption... Grandir, par exemple. Telle l'adolescente qu'elle était à son arrivée en France.


Revisite de l'histoire de France, n'espérez pas voir Marie-Antoinette en quête de connaissances et certitudes historiques, (n'en déplaise aux historiens ou spectateurs en recherche d'exactitude historique), ici, toute l'intrigue se concentre sur la psychologie de l'une des femmes les plus mystérieuses (et à plaindre) de l'histoire de France. Arrivée jeune fille naïve et pleine de bons sentiments, le film nous plonge petit à petit dans le quotidien abasourdissant de futilités et d'inutilités qu'était celui d'une monarque au XVIIIème siècle au sein de la cour de France.


Avec cette délicieuse atmosphère pop-rock au goût macaron, quel plaisir que de regarder ces quarantaines de robes virevolter au sons de titres contemporains, tout comme celui de contempler Kristen déambuler en pleine campagne lumineuse, amoureuse de sa vie d'écran, comme le serait une ado de nos jours, épousant la vacuité de sa vie derrière des filtres Instagram.


Une chose est certaine ; Sofia maîtrise l'image et la mise en scène. Le film se ponctue de plans magnifiques, symboles de ces vies qu'ont probablement eu nos anciens monarques à jouir d'une déconnexion quasi-totale des réalités et responsabilités qui les incombaient à l'époque. Le rythme du film se casse subitement vers la fin, passant d'une atmosphère juvénile et insouciante à lourde et dramatique (ce dernier repas... frissons !).


Si certains affirment que Marie-Antoinette est un film de filles, je leur accorde volontiers ce facile raccourci, en ajoutant qu'il s'agit plus certainement du film d'une seule fille, qui s'est retrouvée bien malgré elle au coeur d'un contexte bien trop compliqué pour son jeune âge...


Une belle réussite que je recommande à tous les amoureux des belles images et émotions.

Le-Dank
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le 29 août 2020

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