Ce film est vendu dans un coffret contenant le premier film "Dernier été" de Guédiguian datant de 1980 qui faisait alors l'apologie du glandage des jeunes marseillais, fatigués de chercher un emploi ou même de travailler mais pas fatigués pour lever le coude et s'enfiler des séries de 51 toutes les nuits. Quelle belle perspective pour la jeunesse.
17 ans après son premier film, Guédiguian a mûri. C'est Marius et Jeannette, avec les 2 acteurs fétiches, G. Meylan (Marius) et A. Ascaride (Jeannette).
Bon, le travail n'est toujours pas nécessaire pour vivre, les patrons sont toujours aussi fautifs et le seul désir d'avenir des jeunes est d'être voleur (ou footballeur, mais les perspectives sont un peu plus restreintes). Heureusement qu'à Marseille tout le monde ne raisonne pas comme ça…
Passons sur les détails où le gardien de la cimenterie (Meylan) se fait passer pour un handicapé pour obtenir le job, le film est une romance entre G. Meylan et A. Ascaride, les acteurs fétiches de Guédiguian. Les personnages sont meurtris par la vie, ne sont plus tout jeunes mais la vie n'est pas finie pour autant. C'est le côté positif du film.
Les personnages du film habitent des appartements donnant sur une cour commune, comme souvent dans les villes méditerranéennes, sont au courant des peines et des joies des voisins, interviennent, conseillent, dénigrent, etc ...
La présence de Darroussin et Boudet qui vont devenir des réguliers des films de Guédiguian.
Le tout bien entendu, avec l'accent marseillais, comme de juste. C'est le côté sympathique du film.
Et puis il y a ce caractère militant permanent où la grève est une fin en soi et non plus un moyen, où le travail n'est qu'un asservissement contre lequel il faut lutter quitte à faire un scandale dans le magasin où on est employé et s'étonner d'être viré. Et puis, comme si ça manquait, l'invraisemblable beuverie qui se termine par une casse généralisée du bistrot, tout ça pour résoudre un problème de couple. C'est le côté très agaçant du film.