Franchement, je ne comprends pas qu'on puisse être surpris. Qui pouvait sérieusement croire qu'un mariage entre Kylo Ren et Black Widow fonctionnerait ? C'était pourri d'avance, cette histoire.
Bon, plus sérieusement, mais pour rebondir tout de même sur la très subtile allusion ci-dessus, l'énorme point fort de ce film est évidemment son casting, à commencer par son duo central. Si Marriage Story ne devait avoir qu'une vertu, c'est de rappeler à quel point Adam Driver et Scarlett Johansson, loin des rôles qui leur ont assuré une gloire mondiale et rempli copieusement leurs comptes en banque (et il n'y a pas de honte à cela), sont des acteurs exceptionnels. Ce qui n'est pas un scoop, puisqu'ils l'ont déjà largement démontré par le passé. Le reste de la distribution, parfaitement dirigé, est à l'unisson - et, comme tout le monde, je réserve une mention spéciale à Laura Dern, qui peut ajouter sans hésiter ce rôle d'avocate à son C.V. récent en pleine résurrection.
L'histoire, en soi, est par ailleurs relativement banale. De cette banalité de la vie qui touche tant de gens, sans que ces anonymes dont le bonheur familial est devenu obsolète ne soient forcément considérés comme des héros de cinéma valables. Dès le début de sa carrière de réalisateur, Noah Baumbach avait abordé le sujet avec talent dans Les Berkman se séparent. Preuve qu'on peut traiter encore et encore un sujet rebattu, ne pas y apporter forcément quoi que ce soit de neuf, et pourtant en tirer quelque chose de beau, de fort, d'émouvant. Baumbach y parvient grâce à un scénario au cordeau, qui évite tout pathos inutile (coucou Kramer contre Kramer) pour mieux explorer la manière dont un ex-couple, emporté par le courant impitoyable de la machine judiciaire, peut en arriver à se déchirer par petits bouts, presque sans s'en rendre compte, en dépit de leurs bonnes intentions initiales.
Marriage Story est un film très fin, subtil sans en avoir l'air, qui touche sans sortir les violons. Comme quoi, à condition d'avoir du talent et de réunir ceux des autres, on peut même m'avoir avec un sujet qui, honnêtement, a plutôt tendance à me faire fuir. Je me suis laissé séduire par l'affiche - Driver, Johansson -, par le bon souvenir que je gardais des Berkman. Et je ne le regrette pas. Ouf !