Sean Durkin parvient à plonger le spectateur dans un bain dérangeant d'émotions.

Drame indépendant retraçant la complexité d'une vie passée dans une secte, Martha Marcy May Marlene est un excellent exercice de style dans lequel le réalisateur parvient à maîtriser son propos jusqu'au générique final.

Dès les premières secondes, Martha Marcy May Marlene plonge le spectateur dans une tension palpable sur chaque centimètre de pellicule. Martha quitte une communauté dans laquelle elle a évolué durant plus de deux années. Deux années qui auront changé à jamais sa conception du monde. Revenue à la réalité, elle trouve refuge chez sa sœur et son mari mais ses vieux démons ne cesseront de venir la chatouiller lorsque la sérénité tentera une incursion dans sa vie.

Alternant un présent se déroulant à la résidence secondaire de sa sœur et flashbacks où l'on en apprend un peu plus sur ces deux années passées au sein de la secte, la réalisateur Sean Durkin fait une part belle à une approche psychologique et ses déviances. Il rappelle par le biais de scènes de viol parfois très crues que l'assouvissement est une question de dominance. A la secte, Martha est dominée par son mentor alors que bizarrement elle apparaît très forte, très dominante avec sa sœur et son époux par moment. Elle est devenue ce qu'elle a fini par détester. Entre ses deux états, Martha apparaît comme un âme perdue voguant entre réalité et paranoïa, un être qui ne pourra plus jamais vivre sans la peur d'être retrouvée par ses bourreaux.

Ainsi donc, par la biais d'une mise en scène très sobre, d'un fond sonore rendant crescendo une tension permanente et d'une direction d'acteurs sans fausse note (Elizabeth Olsen et John Hawkes sont formidables chacun à leur manière), Sean Durkin parvient à plonger le spectateur dans un bain dérangeant d'émotions, nous confortant dans cette idée que l'être humain est d'une faiblesse souvent alarmante. Un drame qui prend le temps de se déguster un peu à la manière d'un bon film de Vincent Gallo.
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le 27 févr. 2012

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